Les conclusions du conseil d'administration du Fonds monétaire international sur son évaluation annuelle de l'économie de l'Algérie ont été nuancées par l'expert en économie Abdelmalek Serraï, qui, même s'il se dit d'accord sur certains aspects, réfute d'autres, à l'exemple de la levée des subventions des matières énergétiques. Sur les mises en garde du FMI quant à une envolée de l'inflation, M. Serraï, qui abonde dans le même sens, émet quelques réserves à ce sujet. En effet, selon lui, cette inflation est certes réelle mais temporaire. « Nous subissons les aléas du marché mondial des matières premières et des produits de large consommation dont les prix ne sont pas stables. L'inflation risque de remonter malgré nos efforts internes. Nous importons 2,6% d'inflation à partir des produits de consommation », explique-t-il. M. Serraï se joint à l'institution de Bretton Woods dans son rapport sur la position financière de l'Algérie jugée « très forte », mais conteste son constat quant à un début de son affaiblissement. « Notre position financière est très bonne actuellement. Si la banque centrale continue à gérer avec prudence notre dépôt financier, elle conservera sa bonne santé en 2015. Toutefois, si les prix du pétrole chutent effectivement, si notre programme d'importation continue à consommer 60 milliards de dollars et si notre dynamique d'importation d'équipements industriels pour la relance de ce secteur est maintenue, nous risquons en effet d'aller vers un affaiblissement », prévient-il, en appelant à réduire les importations aux seuls produits utiles. Le FMI a également estimé que le secteur financier est « insuffisamment développé », notamment pour ce qui est du financement des PME. A ce propos, M. Serraï souligne que ce secteur, tout en étant stable, manque de vigueur pour les projets porteurs. « Au lieu d'aller vers les investisseurs, nos financiers attendent qu'on vienne vers eux. Or, ils doivent eux aussi proposer de nouveaux produits financiers en faveur des PME mais aussi pour l'extension des capacités existantes », recommande-t-il. Sur la suggestion du FMI de contenir la masse salariale, de supprimer progressivement les subventions en établissant un système de transfert social ciblé, Serraï a émis quelques réserves. Surtout que le FMI a appelé aussi à l'élimination progressive des subventions implicites dans les produits énergétiques. « Les subventions relèvent de la souveraineté nationale », a-t-il souligné. « Nos tarifs de produits énergétiques figurent parmi les plus bas au monde. Cela dérange certains. Mais notre souci à nous, c'est de préserver les acquis des citoyens qui sont irréversibles », conclut-il en affirmant que les solutions ne manquent pas pour maintenir notre équilibre financier.