Principal slogan de ce sommet : « 2014, année de l'agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique ». Pourquoi le choix de ce slogan ? Le continent noir commémore, cette année, le 10e anniversaire de l'adoption du programme global de développement agricole axé sur l'agriculture et la sécurité alimentaire et les questions liées à la paix et à la sécurité. Les dirigeants du continent ont évoqué, jeudi dernier, les progrès réalisés par l'Afrique en matière de développement. Mais tous ont reconnu que l'Afrique peut faire mieux pour atteindre en 2015 les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ils ont aussi salué l'engagement de l'UA quant aux objectifs tracés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, les maladies et les épidémies et le développement du continent pour lui permettre de réaliser son agenda pour l'année 2063. Des objectifs, disent-ils, qui peuvent être réalisés en accordant des chances aux jeunes et en appuyant, avec la société civile, les pays qui connaissent des conflits armés à retrouver la stabilité, la paix, l'ordre constitutionnel et le processus politique. Parallèlement au thème retenu et à l'« agenda 2063 », une feuille de route sur 50 ans destinée à donner un coup de fouet au continent, deux dossiers ont retenu l'attention des présents dans la capitale éthiopienne : la crise en République centrafricaine et le Soudan du Sud où le régime du président Salva Kiir et la rébellion emmenée par son ex-vice-président Riek Machar se font la guerre pour le contrôle du pouvoir. « Nos cœurs sont avec les populations de la République centrafricaine et du Soudan du Sud qui font face à des conflits dévastateurs dans leurs pays et en particulier aux femmes et aux enfants qui sont devenus les victimes », a déclaré à l'ouverture du sommet, Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l'UA. « Nous devons travailler ensemble pour assurer la construction d'une paix durable », dit-elle, appelant les pays du continent à « réduire au silence toutes les armes dès 2020 », en bâtissant des sociétés « inclusives et tolérantes où les diversités seront permises et l'esprit du pardon sera assuré ». Or, le continent est en proie à des situations et des conflits qui menacent son intégrité. En Afrique du Nord, la transition en Tunisie, la « guerre » au Mali et l'insécurité en Libye et en Egypte demeurent des menaces permanentes pour les pays du voisinage. Hailemariam Desalegn, le Premier ministre éthiopien qui a appelé à « trouver des solutions urgentes pour éviter à ces deux pays frères de sombrer dans un abîme », a transmis la présidence tournante de l'UA à Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien. Une première pour Nouakchott depuis 1971. Appels à la paix en Centrafrique et au Sud Soudan Seyoum Mesfin, l'envoyé spécial au Soudan du Sud de l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), a exhorté les dirigeants du bloc est-africain à « assurer sous 48 heures une présence au Soudan du Sud d'un mécanisme précurseur de suivi et de vérification permettant de faciliter l'entrée en action rapide et progressive du mécanisme de suivi dans son intégralité » et a demandé aux deux fronts qui s'affrontent de s'assurer du « retrait progressif » de leurs troupes respectives de la ligne de front. L'armée sud-soudanaise, fidèle au président Salva Kiir, et des troupes loyales à son ancien vice-président Riek Machar ont signé, le 23 janvier dernier, sous l'égide des médiateurs de l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), un cessez-le-feu. Mais les deux camps s'accusent mutuellement de violer la trêve depuis. Jeudi dernier, le président en exercice de l'Igad, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, a averti que le Soudan du Sud risquait, à défaut d'action urgente, de « sombrer dans l'abîme ». Les équipes d'observateurs doivent « recevoir les soutiens politique et logistique nécessaires ainsi qu'un accès illimité » à toutes les zones du pays, a souligné M. Haile, à l'adresse des dirigeants de l'Igad et des belligérants sud-soudanais. Les envoyés spéciaux de l'ONU et des Etats-Unis au Soudan du Sud, Haile Menkerios et Donald Booth, estiment, eux aussi, « cruciale » la présence au Soudan du Sud de la structure de suivi, prévue par l'accord de cessez-le-feu. « Ceux qui cherchent à saper le processus de paix doivent savoir que nous observons tous et que ceux qui voudraient jouer les saboteurs en subiront les conséquences », prévient Donald Booth. Quant à la Centrafrique, elle est en crise depuis mars 2013 quand une rébellion (Séléka) a renversé le président François Bozizé. La spirale de violences intercommunautaires qui a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés continue. Une femme, Catherine Samba Panza, a succédé au président de transition et ex-chef rebelle, Michel Djotodia, après sa démission. Un nouveau gouvernement a été formé. En vain. L'UA cherche des soutiens pour sa force mais exclut, du moins dans l'immédiat, le passage de relais à une force onusienne pour pacifier le pays. Les Nations unies estiment à 10.000 le nombre de Casques bleus nécessaires pour sécuriser la Centrafrique. La Croix-Rouge dit avoir ramassé « 30 tués et 60 blessés » ces trois derniers jours dans les rues de Bangui. Une conférence des donateurs en vue de la mobilisation de plus 500 millions de dollars pour le financement de la force africaine de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique aura lieu aujourd'hui à Addis-Abeba. Elle devrait rassembler 60 organisations internationales en plus des 54 Etats membres de l'organisation panafricaine. Selon le président guinéen Alpha Condé, l'Algérie a promis des avions de transport et le bloc panafricain fait pression sur l'Angola et l'Afrique du Sud pour qu'elles suivent son exemple.