Le palais Ahmed Bey, situé en plein centre-ville de Constantine, reste l'un des édifices les plus représentatifs de la période ottomane, fièrement debout, malgré le temps et la négligence des hommes. Il est considéré comme le plus grand palais ottoman, édifié entre 1826 et 1835, et ce, grâce au bey dont il porte le nom : Ahmed, dernier bey de Constantine. C'est après ses voyages en Egypte et à la Mecque que le bey décida de construire son palais en pleine Médina, malheureusement, la population constantinoise profitera pas assez de ce lieu après la prise de Constantine par l'armée française en 1837. L'administration coloniale enclenchera un vaste programme de destruction de plusieurs quartiers de la ville, et le palais – qui heureusement ne sera pas démoli - sera reconverti en une annexe de l'armée française. Il devient ainsi le palais de « la Division » et subira quelques modifications qui vont lui faire perdre de son architecture originale. Ce n'est qu'en 1935 que les Français décident de le classer monument historique. Après l'indépendance de l'Algérie, le palais, qui était entre les mains de l'ANP – de 1964 à 1969 - sera confié à la commune et ce n'est qu'en 1982 qu'il retrouve sa première vocation. Il sera classé patrimoine et l'Etat décide de lancer des travaux d'aménagement. Des travaux qui dureront plus d'un quart de siècle. Ce n'est qu'en 2010 qu'il sera ouvert au public. C'est, notamment, grâce au sérieux et à la volonté d'un architecte natif de la ville, M. Bedjadja, que le palais accueille, depuis quatre ans, des visiteurs. M. Bedjedja, s'appuyant sur les études de restauration réalisées en 1982 par un atelier polonais, avait notamment exclu les petits « bricoleurs » et réussi à enclencher de vrais travaux de maçonnerie, de réfection intérieure, des jardins, des belles colonnes en marbre, de la menuiserie (portes, fenêtres, cloisons en bois) des fontaines et des fresques qui garnissent les murs. Aujourd'hui, c'est l'OGEBC qui prend le relais afin de relancer une nouvelle opération de rénovation. Ainsi, cet office compte sur de nouvelles techniques de restauration, différentes de celle proposée à l'époque par le bureau d'études polonais considérées comme dépassées. M. Zekagh, DG de l'OGEBC, nous a affirmé, par exemple, qu'il ne sera plus question d'utiliser des panneaux de plancher en béton armé pour mener l'opération. « Nous n'allons pas tout refaire, mais uniquement détecter les anomalies et procéder à une mise à niveau. Par contre, les polychromies nous intéressent énormément, avec une surface totale de 2.500 m2 sur les murs du palais. C'est une spécificité qui n'existe dans aucun autre palais ottoman en Algérie. C'est lié à l'histoire de la ville et les échanges des beys qui ramenaient des artistes. Il y a des dessins ottomans, puis les Français ont aussi posé leurs fresques, c'est donc délicat et pointu. Il va falloir enlever cette couche par le biais de produits chimiques et la strappo technique. Cela consiste à enlever la couche tout en la conservant. Nous avons aussi prévu de rénover le marbre. » Notons que la place Si El Haouès (ex- Place Générale), située en face du palais du bey, est dans un état lamentable. En effet, l'opération de sa réhabilitation, qui a traîné des années durant et qui a en plus gêné les riverains, est considérée comme un échec, alors même que l'objectif premier était de revaloriser davantage le palais du bey. L'APC, chargée de cette opération, n'a pas tenu ses promesses à savoir faire de la placette un lieu de détente pour les familles, le cahier des charges comprenant des matériaux nobles et un éclairage esthétique n'a pas été respecté. Dès sa réouverture, la placette a même été squattée par des gardiens de parking, heureusement qu'ils ont été délogés depuis. Une légère opération de rénovation est en principe programmée dans le cadre de la manifestation de 2015.