Cette remarquable et incontournable citadelle, qui fait partie intégrante de la ville des Ponts, a enfin ouvert ses portes au public après sa fermeture en 1985 pour des travaux de restauration ayant coûté plus de 190 MDA, et ayant surtout duré des décennies. À l'initiative du ministère de la Culture, en collaboration avec l'Office national de gestion et d'exploitation, bureau de Constantine (OGEBC), le Musée national d'art moderne & contemporain et l'agence algérienne rayonnement culturel, le palais Ahmed Bey abrite, depuis le 15 mai, et jusqu'au mois de novembre, deux évènements : le premier s'articule autour du thème L'âge d'or des Sciences arabes (entre le VIIIe et le XIIe siècle), et le second met en avant, via une exposition au sous-sol du palais, divers objets en poterie, bronze, verre…, les Koutama et la civilisation des Fatimides. Le reste de l'espace, notamment les galeries, a été consacré aux écrans plasma et autres panneaux expliquant l'apport arabe dans le domaine des sciences, entre autres, et à titre d'exemple, les mathématiques (les chiffres arabes), avec les travaux d'Al-Khawarizmî, Abu l'Wafâ et Al-Khayyâm en Orient, Al-Mu'taman en Andalousie, Ibn Mun'im au Maghreb, la chimie avec Ibn Hayyan, Ar-Razi, Al-Jaldaki, la mécanique et les savants maghrébins, comme Ibn Al-Fahhâm de Tlemcen (XIVe siècle), qui a réalisé de superbes horloges mécaniques, la médecine (y compris la chirurgie), l'astronomie, la physique, la science du temps, l'astrologie, etc. Cette dernière discipline nous fera découvrir Abû-l'Abbas Ahmad Ibn Al-Hassan, un savant né à Constantine en 1330, qui lèguera deux ouvrages à la postérité : L'abaissement de la voilette sur les opérations de calcul, et Le livre qui facilite les questions sur les équations des astres. En outre, cette manifestation devra s'étaler sur toute l'année, nous fera savoir Abdeslem Bougourzi, le responsable de l'OGEBC. Selon lui, le palais est actuellement restauré à 80% ; il ne reste, dit-il, que les polychromies (peintures murales), dont l'éventuelle réalisation, toujours selon lui, est « au stade des pourparlers ». Par ailleurs, l'affluence est « appréciable, jusque-là avec 400 à 500 visiteurs par jour, dont des étrangers », guidés par quelques jeunes diplômés de l'université « briefés dans le tas par le commissaire de la manifestation, Zinedine Sefadj ». Pour rappel, l'édifice a été classé monument historique par les autorités coloniales en 1935. Il a vu le jour en 1826, et ne sera achevé qu'en 1835. Le palais n'aura servi qu'au dernier des beys, Hadj Ahmed, de 1836 à 1837, pour finir en siège de l'état-major de l'armée française.