Selon Arseni Iatseniouk, l'un des leaders du parti Batkivchtchina de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, l'armée avait exigé, vendredi soir, des mesures d'urgence de la part du président Ianoukovitch afin de « stabiliser la situation dans le pays ». Kiev nie. Selon les officiels ukrainiens, la police enquête sur une « tentative de coup d'Etat » de l'opposition. Elle aurait trouvé des documents lors d'une perquisition dans les bureaux du parti Batkivchtchina (la patrie) en décembre dernier. Les manifestants cherchent, sciemment, à provoquer des violences de la police pour miner la légitimité du Président et menacer « l'intégrité territoriale » de la République. Accusations que l'opposition qualifie de « provocations ». Cette « tentative de prise du pouvoir » est un élément d'un scénario de force, de la préparation de l'instauration de l'état d'urgence », a déclaré Grigori Nemyria, le chef de la commission parlementaire ukrainienne pour l'Intégration européenne, et la « déclaration de l'Armée » est « un autre élément » de ce scénario. Pour éloigner le pays d'une guerre civile annoncée, le Président a promulgué, vendredi, une loi d'amnistie qui, dans les faits, donne 15 jours aux opposants pour libérer les lieux publics occupés. L'opposition refuse d'obtempérer. Guerre de mots entre Russes et Américains Les Occidentaux et les Russes s'accusent mutuellement de chercher à forcer la main à l'Ukraine. John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, apporte le soutien américain et européen aux opposants ukrainiens qui veulent se rapprocher de l'Union européenne. « Ils se battent pour le droit de s'associer à des partenaires qui les aideront à réaliser leurs aspirations et considèrent que leur avenir ne dépend pas d'un seul pays et certainement pas sous la contrainte », dit-il dans un discours prononcé à la conférence de Munich sur la sécurité. « Nulle part, la lutte pour un avenir démocratique et européen n'est plus importante aujourd'hui qu'en Ukraine », assure le secrétaire d'Etat américain. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, reproche aux Occidentaux de soutenir des casseurs, de pratiquer l'indignation sélective en encourageant des « personnes qui envahissent et occupent des bâtiments gouvernementaux, attaquent les policiers et scandent des slogans racistes, antisémites et nazis ». « L'Ukraine n'a pas besoin de choisir entre la Russie et l'Occident », soutient-il. « A l'heure actuelle, on n'a pas besoin de slogans, il faut songer plutôt à l'efficacité des efforts déployés par les dirigeants ukrainiens pour apaiser la situation. Et quand John Kerry déclare que l'Ukraine doit décider si elle veut être avec le monde entier ou avec un seul pays, je suis surpris de l'entendre dire par un diplomate aussi expérimenté et plein de bon sens », insiste Lavrov en marge de la conférence. Selon le ministre russe, un « choix politique a été préétabli pour l'Ukraine lorsque l'Otan lui a proposé en 2008 d'adhérer à l'alliance atlantique ». « Là, un choix est en train d'être imposé », regrette Lavrov.