Ces signatures doivent être recueillies à travers au moins 25 wilayas, et 1.500 signatures sont exigées, au minimum, dans chacune des wilayas. Autrement, les candidats peuvent présenter une liste comportant au moins 600 signatures individuelles de membres élus d'Assemblée populaire communale, de wilaya ou parlementaires et réparties au moins à travers 25 wilayas. Mais la réalité du terrain a montré que certains candidats trouvent énormément de difficultés à convaincre le citoyen de leur donner son quitus. Conséquence : certains candidats en accusent d'autres de recourir à la pratique de la « chkara » pour étoffer leurs listes. Abdelkader Cheddad, ancien député et candidat à la présidentielle d'avril prochain, a ainsi dénoncé l'achat des signatures. « C'est déshonorant qu'un candidat à la présidentielle pratique déjà l'illégalité », a-t-il noté, affirmant que les citoyens sont aussi responsables de cette pratique illicite. Autre couac : « des dépassements » de la part de l'administration dans les wilayas de Tébessa et Sidi Bel-Abbès. Selon lui, l'administration « refuse » de légaliser les signatures des citoyens en l'absence du candidat. « Les préposés à cette tâche demandent aux signataires s'ils me connaissent. C'est insensé, car je ne peux pas être présent à chaque signature. Pourtant, la loi autorise mes délégués à collecter les paraphes à ma place en toute transparence », s'est insurgé Abdelkader Cheddad. Par ailleurs, il a signalé avoir déjà collecté 33.000 signatures à travers 12 wilayas. Résultat : « J'occupe la 4e place parmi les candidats qui ont entamé la collecte des signatures », a-t-il relevé Mais cet effort, M. Cheddad risque de ne pas savourer ses fruits, puisqu'il a annoncé qu'il se retirerait de la course dans le cas où le président de la République décidait de briguer un quatrième mandat. L'autre candidat indépendant est Ayache Hafaïfia, un revendeur de légumes et artisan. Ce dernier a dénoncé la pratique de la « tchipa » par certains postulants dans l'opération de collecte des signatures. En outre, il a fait remarqué que l'administration refuse d'approuver les signatures des citoyens sans la présence du candidat. N'empêche, a-t-il indiqué, il affirme avoir eu 4.000 signatures uniquement à Alger. « Si j'arrive à gagner cette épreuve pour être retenu candidat à la présidentielle, ce sera un grand honneur pour moi », a-t-il soutenu. Du côté du parti d'El Karama, l'heure est également à l'optimisme. Son président, Mohamed Benhamou, a attesté avoir collecté 80% des signatures, précisant qu'au cas où le président de la République se présente à l'élection présidentielle, il se retirera pour le soutenir. Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, a avoué, lui aussi, que l'opération de collecte des signatures n'est pas une sinécure. « C'est un marathon et une course contre la montre. C'est aussi une précampagne électorale. Ça permet aussi de descendre sur le terrain et avoir le contact direct avec le citoyen pour connaître son avis sur la vie politique et, particulièrement, sur l'élection présidentielle », a-t-il indiqué. Sofiane Djillali, lui aussi, a annoncé son retrait de la course à la présidentielle si Abdelaziz Bouteflika annonce sa candidature. Au Parti des travailleurs, on dénonce également l'achat des signatures. « Nous avons enregistré des dépassements lors de nos sorties sur le terrain. Des candidats des partis politiques et indépendants achètent carrément des signatures », a dévoilé le chef du groupe parlementaire du Parti des travailleurs, Ramdane Taâzibt, qui pointe du doigt ce mélange de politique et d'argent tant décrié par la SG du parti, Louisa Hanoune. Reste que pour le PT, la collecte ne s'annonce pas fastidieuse. « Notre parti lance traditionnellement cette opération dans les rangs de ses militants et auprès de la population pour pouvoir ensuite afficher son programme d'action », a précisé le député et de signaler que des citoyens « viennent spontanément signer pour soutenir notre candidate ». Et d'annoncer que les citoyens « harcèlent », par leurs questions, les responsables du parti lors de leurs sorties sur le terrain, histoire d'appréhender l'enjeu de l'élection présidentielle.