La résorption du chômage est l'une des priorités sur lesquelles s'attèlent les autorités locales, à tous les niveaux, dans la wilaya de Tipasa. Assemblées élues, responsables de l'exécutif ou représentants de secteurs d'activités sur le plan local font, assure-t-on, de l'éradication du chômage leur combat. Un combat qui, d'une part préconise en amont la réunion de toutes les conditions et moyens nécessaires à la mise en place d'un environnement économique attractif et générateur de postes d'emploi pérennes et, de l'autre, la promotion de formations dans des spécialités et des métiers en adéquation avec les vocations économiques de la wilaya. Bettache Samir est le président de la commission du développement, de l'investissement, de l'équipement et de l'emploi au niveau de l'APW de Tipasa. Dans cet entretien, il livre sa lecture des résultats de la politique de l'emploi mise en œuvre à Tipasa, les insuffisances constatées ainsi que les défis à relever afin de réduire, au maximum, le taux de chômage dans la circonscription et, partant offrir davantage de postes de travail. Quel constat faites-vous de la situation prévalant dans le marché de l'emploi à Tipasa ? D'une manière générale et si on prend comme facteur déterminant l'historique des statistiques du taux de chômage dans la wilaya de Tipasa, on constate incontestablement que les efforts fournis par les pouvoirs publics dans le cadre de la création d'emplois ont porté leurs fruits, dans la mesure où en l'espace de 15 ans on est passé d'un taux de chômage touchant plus d'un cinquième de la population active à 9% actuellement. Ce fléchissement substantiel, en dépit de l'augmentation du nombre de la population en âge de travailler dans notre wilaya, comparativement à 2000, est en soi une réponse à tous ceux qui doutent et demeurent encore sceptiques, notamment de l'efficacité des dispositifs de création de l'emploi mis en place par l'Etat. Au demeurant, on ne peut pas pour autant crier victoire, car des insuffisances subsistent et des problèmes restent à surmonter pour mieux prendre en charge la question du chômage. Elue en 2012, quelle est la contribution de la nouvelle APW pour redresser davantage la courbe du chômage ? L'une des premières actions menées par l'APW et ce, dès son élection, est justement de s'atteler sur la question du chômage dans notre wilaya, étant donné que l'une des revendications majeures de nos concitoyens, notamment parmi les jeunes, est l'emploi. En effet, la commission que je préside a soumis, lors de nos premières sessions, un rapport exhaustif et détaillé sur l'emploi. Nous avons pris attache avec l'ensemble des responsables de secteurs intervenant dans ce segment pour avoir une idée précise sur la situation qui y prévaut. Je cite à titre d'exemple, les responsables de l'Awem, Ansej, Cnac, Angem, les directeurs de la Das, de l'investissement et de PME-PMI, de l'emploi, de la Fonction publique, de l'inspection générale du travail, de l'enseignement ainsi que celui de la formation professionnels. Au terme de ces consultations, nous avons pu rédiger un rapport référentiel et établir un constat objectif ressortant les avancées réalisées ainsi que les lacunes à combler. A la base de ce travail, l'APW a émis des recommandations visant à mieux prendre en charge les demandeurs d'emploi, mais aussi à réajuster les formations afin de répondre aux besoins du marché local et, par voie de conséquence, optimiser l'insertion des demandeurs d'emploi. Car dans certains secteurs économiques, on déplore un déficit en main-d'œuvre qualifiée, voire de cadres universitaires dans des filières techniques. À propos de la formation, quel constat dressez-vous ? Il est vraiment illusoire de soutenir que les centres de formation professionnelle dans notre wilaya ne forment pas de jeunes dans les différentes spécialités, d'autant plus que la stratégie mise en œuvre par ce secteur est la consécration d'une politique visant à accompagner le développement de l'économie, notamment à travers de nouvelles activités en constituant une offre de formation adaptée aux besoins des entreprises créatrices d'emploi pour les jeunes. Cela dit, lorsqu'un stagiaire diplômé rejoint le marché de l'emploi et, dans des cas, pas souvent, il se voit contraint d'accepter des boulots mal ou sous-rémunérés. Dans le meilleur des cas, il ne perçoit que le Smig ou, pire, 8.000 DA. Sans motivation, le jeune en question se voit résigner à ne pas accepter le poste d'emploi offert. A l'APW, on reçoit constamment des jeunes chômeurs qui demandent de l'assistance et des conseils pour un éventuel recrutement. A chaque fois, on leur explique les démarches à suivre ainsi que les avantages qu'offrent les pouvoirs publics pour leur insertion dans la vie active. On espère qu'avec la mise en œuvre de la nouvelle politique que prépare le ministère de l'Emploi, tous ces problèmes seront résolus. Par ailleurs, on compte relancer prochainement le débat au sein de l'APW sur la question de l'emploi, sur la base d'un nouveau rapport prenant en compte l'évaluation des bilans de l'Awem et de la direction de l'emploi. Qu'en est-il des jeunes diplômés des universités ? Dans ce registre, il faut savoir que plus de 70% des universitaires demandeurs d'emploi à Tipasa sont diplômés en sciences humaines, susceptibles dans la majorité des cas de n'être intéressés que par les offres d'emploi émanant des administrations ou certains créneaux du secteur tertiaire, or le marché de l'emploi est très vaste. En revanche, le nombre de diplômés dans les filières techniques fortement sollicitées par le secteur économique productif, tels que le BTPH, l'agriculture et forêts, est réduit. Afin de rééquilibrer les tendances, nous lançons un appel pour qu'une université des sciences et technologies ouvrent ses portes à Tipasa pour pallier à moyen et à long termes ce déficit, car figurez-vous que les ingénieurs spécialisés dans les filières de la forêt se comptent sur les doigts d'une seule main chez nous. C'est vous dire l'urgence de la concrétisation d'un tel projet. Et pour ce qui est des différents dispositifs d'aide à la création d'emploi ? Force est de reconnaître que les résultats obtenus dans le cadre des dispositifs Ansej, Cnac et Angem sont formidables, puisque les micro-entreprises qui ont été créées à Tipasa ont permis d'offrir de nouveaux postes d'emploi. Cette dynamique ne pouvait atteindre des objectifs sans avoir en amont un environnement propice et attractif dans lequel peuvent évoluer sereinement les entreprises issues des dispositifs d'aide à l'emploi. En effet, ces jeunes opérateurs ayant investi dans des secteurs d'activités, tels que le BTPH, l'agriculture et la pêche, ont su comment trouver leurs marques et contribuer au développement local. Quel est le segment le plus susceptible d'offrir des emplois pérennes ? D'une manière synoptique et par secteur, les services et le commerce sont les plus attractifs en matière d'embauche, suivis par l'agriculture et les forêts avec un peu moins d'un quart des parts, alors que l'administration et les BTPH absorbent un cinquième chacun. Notre souhait est de consolider la diversification des offres d'emploi en les orientant plus vers les secteurs productifs. A ce titre, le renforcement du tissu local des zones industrielles et d'activités industrielles, spécialisées ou englobant divers créneaux de production, peut concourir significativement à réaliser cet objectif, d'autant que des opérations de réhabilitation, de parachèvement et d'extension des zones d'activités sur notre territoire ont été lancées ou sont en cours de l'être. Cependant, il est judicieux de créer de nouvelles zones d'activités industrielles et de transformation dans la partie ouest et centre de la wilaya car, présentement, c'est dans la zone est que le plus grand du réseau est localisé. Un dernier mot ? En ma qualité de président de la commission de l'emploi et membre de l'APW, je tiens à souligner que toutes les portes nous sont ouvertes dans le cadre de nos missions visant à apporter un plus à notre wilaya. A ce propos, le wali de Tipasa insiste à chacune de nos rencontres ou dans le cadre de ses réunions avec l'exécutif de fournir tous les moyens nécessaires pour réduire le chômage. Il veille aussi constamment à ce que tous les demandeurs d'emploi soient traités sur un pied d'égalité sans favoritisme ni partialité, tout en faisant de la formation le point focal de la réussite de la politique de l'emploi au niveau local.