Un hommage a été rendu, hier, à l'occasion de la Journée nationale du chahid, célébrée le 18 février de chaque année, aux veuves et mères de chouhada. La cérémonie, symbolique, organisée par l'association Machaâl Chahid et le forum d'El Moudjahid a été l'occasion de témoignages poignants de femmes qui ont été la matrice de cette Révolution grandiose. Elles sont venues de toutes les wilayas historiques, de Kabylie, des Aurès, d'Alger, de Blida, nous rappeler leur parcours, leurs faits d'armes, dire la répression et ce qu'elles ont enduré avec leurs familles, les circonstances de la mort de leurs maris et fils, dont certains, chouhada sans tombes, n'ont même pas eu droit à une digne sépulture. Elles ont parlé, restitué dans le détail des souvenirs intacts que l'âge n'a pas trahis. Khalti Zahra, la mère du chahid Mohamed Rassouli, la veuve d'Ali Mellah ont raconté les supplices, les souffrances que tout un peuple a endurées pour que vive l'Algérie, libre et indépendante. Les mots étaient chargés d'émotion. Elles demanderont une à une de ne pas « trahir le message du chahid » et de ne pas « abandonner cette terre aux convoitises », de préserver cette liberté que nous avons reconquise avec « le sang, celui du million et demi de chahid et non avec de l'argent », a précisé Mme Mellah.Khalti Kheïra, veuve du chahid Si Meftah, de Blida, parle, elle, de son mari et comment il a rejoint la Révolution en commençant par la collecte des armes pour les maquis. Il sera arrêté, puis relâché mais finira par rejoindre encore une fois le maquis. Il tombera au champ d'honneur suite à un accrochage de nuit avec l'armée coloniale. « L'emplacement de sa tombe ne sera connu par sa famille qu'après l'indépendance », selon sa veuve. La veuve du chahid Madi rappelle, elle aussi, le courage de son mari, mort avec un de ses frères au maquis. Mme Saâdia, veuve du chahid Halili Rabah, de Bordj El Kiffan, racontera comment le chahid avait transformé leur maison en dépôt d'armes, « sans éveiller le moindre soupçon des voisins ». Rabah militait avec son oncle et un ami. Ses compagnons « nous ont caché la triste nouvelle de son exécution », se souvient-elle. Il a laissé, poursuit-elle, « des enfants en bas âge dont le plus grand n'avait que cinq ans. ». Kabrine Halima évoquera des faits d'armes du chahid Athmani Ahmed. Elle était avec lui au maquis dans les Aurès lorsqu'ils furent arrêtés, suite à une rude bataille. C'était deux années avant l'indépendance. Son mari « sera exécuté sur le champ », dit-elle. Suivront encore d'autres témoignages tous aussi douloureux, ceux de Sahraoui Yamina, la veuve du chahid Boudissa Boualem, Mme Zoubida Amirat, qui avait deux frères tombés au champ d'honneur... La Journée du chahid a été consacrée en tant que tel par l'APN en 1991 et ce « suite à la mobilisation des enfants de chouhada qui créeront, en août 1989, leur propre association », explique M. Abad de l'association Machaâl Chahid.