Le Front du changement (FC) d'Abdelmadjid Menasra a relancé, hier, le débat autour de l'instauration d'un Etat civil à l'occasion de son forum sur « l'élection présidentielle, entre le politique et le militaire ». Ahmed Adimi, professeur en sciences en politiques et ancien officier supérieur de l'armée nationale, invité à cette rencontre, a rappelé d'emblée que l'armée algérienne est la seule dans le monde arabe n'ayant pas découlé de la domination ottomane ou du colonialisme français. Elle a été fondée par des politiciens et des militants du mouvement national et c'est lors du congrès de la Soummam qu'a été consacrée la primauté du politique sur le militaire. Il a signalé, par ailleurs, que l'armée a été par le passé partie intégrante dans le jeu politique et ce n'est qu'en 1988 qu'elle a décidé de s'éloigner du politique. Ce qui s'est traduit par le retrait d'un bon nombre de militaires des rangs du FLN. En 1999, l'Algérie a entamé une nouvelle phase ponctuée par une certaine stabilité politique et financière. En 2004, il a été constaté que l'armée nationale « ne s'immisçait plus dans le jeu politique », comme l'avait consacré le président de la République, a rappelé le conférencier. Reste que pour lui, le problème réside dans la faiblesse de la classe politique qui échoue dans le règlement des crises. S'agissant de la prochaine élection présidentielle, il a estimé que l'armée sera neutre dans la mesure où la gestion du scrutin est entre les mains du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Selon lui, l'armée ne veut pas s'ingérer dans le jeu politique, sauf « si la sécurité du pays est menacée ». Le professeur Choutri Ahmed partage le même avis concernant la particularité de l'armée algérienne, en soulignant néanmoins que tous les chefs d'Etat algériens sont des révolutionnaires, militaires et des politiciens en même temps. Le président du Front du changement a observé que ce sujet est posé avec acuité à chaque échéance électorale. Ce qui est tout à fait normal, dira-t-il, en plaidant pour l'instauration d'un Etat civil. « La question doit être posée d'une manière objective et acceptable », poursuit Abdelmadjid Menasra en rappelant les propos du défunt Mahfoud Nahnah qui disait qu'il fallait éloigner trois institutions de la politique à savoir la mosquée, la caserne et l'administration. Selon lui, le vrai contexte de cette problématique est la Constitution. A ce titre, il a proposé son amendement après la présidentielle de façon à procéder au changement du régime pour qu'il soit davantage civil. M. Menasra se dit convaincu que l'armée ne peut pas écarter un Président parce qu'elle agit sous ses ordres. Il a rappelé que l'armée est la garante de la stabilité du pays. Sentence : « son éloignement de la politique la rendra plus forte », a-t-il estimé.