Il y a un an, à l'occasion de la tenue du quatrième congrès du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, alors candidat à la présidence du parti, refusait de démissionner du gouvernement «pour se consacrer entièrement au parti».Pourtant, la revendication émanait d'un nombre important de cadres du parti de feu Mahfoud Nahnah à leur tête Abdelmadjid Menasra. «Si la présence de Soltani au gouvernement fait renforcer la proximité du parti avec le pouvoir, elle creuse davantage le fossé avec la société», disaient les adversaires du successeur de Nahnah. L'entêtement du président du MSP de siéger au gouvernement n'a fait qu'accentuer la colère des cadres et exacerber les divergences dans les rangs du parti. Les divergences ont fini par donner naissance à une dissidence d'une partie importante de la base de la Haraka. En effet, Abdelmadjid Menasra et ses partisans ont attendu la fin de l'élection présidentielle pour annoncer la création d'un nouveau parti: le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC). Pour freiner l'élan de ses adversaires, le président du MSP a décidé de quitter le gouvernement pour se consacrer à sa mission partisane. "M. Soltani n'a pas démissionné du gouvernement, il s'est désisté de son poste de ministre d'Etat pour s'occuper du parti", a souligné Mohamed Djoumoua, chargé de communication du parti islamiste. La décision de Soltani, a expliqué notre interlocuteur, n'émane pas des instances du parti. «M. Soltani a pris seul la décision», a ajouté M. Djoumoua, en indiquant que la majorité des membres du conseil consultatif, réuni la semaine dernière à Alger, a demandé au président du parti de rester au gouvernement. «La décision de M. Soltani est conjoncturelle, elle répond à une situation interne. C'est pour enlever aux dissidents un argument qu'ils avancent durant leurs sorties médiatiques», a précisé notre source. En réalité, la décision du président du MSP relève plus de la manœuvre politicienne qui risque de ne pas avoir un effet sur la situation du parti. Contacté hier, Ahmed Dane, bras droit de Menasra, a expliqué que l'annonce de Soltani ne concerne pas les militants du MPC. «Les instances du MSP sont actuellement divisées. De ce fait, la démission de Soltani du gouvernement ne changera rien à la situation du parti, puisque elle est venue en retard», a affirmé M. Dane. «Soltani est comme un joueur de football qui marque un but à la fin du match que l'arbitre ne prend pas en compte», a ironisé notre interlocuteur. Et d'ajouter : «La présence de Soltani au gouvernement n'est pas la seule raison qui nous a poussée à quitter le parti. Notre démission est une manière de ne pas cautionner les dérives politiques que connaît le MSP».