Rien ne va plus en Ukraine où le risque d'une guerre civile n'est, désormais, plus à écarter. Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a accusé, hier, l'opposition d'avoir lancé une insurrection « armée », alors que les affrontements et un assaut des forces spéciales ont fait au moins 26 morts, 241 blessés dans le centre de Kiev occupée par l'opposition. Dans un discours à la nation diffusé en pleine nuit, après une rencontre, sans résultat, avec les chefs de l'opposition, M. Ianoukovitch reproche à ces derniers d'avoir « franchi les limites » pour prendre le pouvoir, en jurant de « faire comparaître les coupables devant la justice ». Le président ukrainien a néanmoins exhorté ses détracteurs à « prendre leurs distances avec les radicaux » en les invitant au dialogue. « Nous devons nous asseoir à la table des négociations pour sauver l'Ukraine. Si nous détruisons l'Etat, les générations futures ne nous le pardonneront pas », a-t-il assuré. Les violences ont commencé par des affrontements mardi aux environs du parlement, et ont été suivies dans la soirée par l'assaut policier contre l'épicentre de la contestation. Le pays semble s'enfoncer dans la violence alors que des manifestants se sont emparés de bâtiments publics et de dépôts d'armes à Lviv. La Russie, principal allié du pouvoir à Kiev, a dénoncé une « tentative de coup d'Etat » et « exigé » des leaders de l'opposition l'arrêt des violences. « La partie russe suggère à l'opposition de reprendre sans délai le dialogue avec le pouvoir légitime sans menaces ni ultimatum », rapporte le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Les Etats-Unis, qui soutiennent ouvertement l'opposition, ont appelé, par la voix du vice-président Joe Biden, le président ukrainien à retirer les forces de l'ordre des rues de Kiev en précisant que « le gouvernement, en particulier, a la responsabilité de calmer la situation ». Dans un entretien téléphonique avec M. Ianoukovitch, M. Biden a souligné l'urgence d'un dialogue immédiat avec les dirigeants de l'opposition pour répondre aux demandes « légitimes » des manifestants et de mettre sur pied des « propositions sérieuses pour une réforme politique ». De son côté, l'Union européenne s'apprête à étudier aujourd'hui des sanctions contre « les responsables de la répression » tandis que le Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a appelé à une « enquête urgente et indépendante ».