Photo : Lylia M. Une publication récente de Casbah éditions en cette année 2010 est consacrée à Réda Malek. Il s'agit d'un ouvrage monumental de près de huit cents pages. L'auteur, un militant de la première heure de la cause nationale et un combattant par la plume, entreprend de faire revivre les articles qu'il a écrits dans le journal El Moudjahid au cours de la guerre de Libération nationale. La valeur historique de ces textes est d'autant plus significative que Réda Malek a été l'un des acteurs actifs de l'indépendance de l'Algérie. Comme chacun le sait, il a été parmi les négociateurs, signataires des accords d'Evian, mettant fin à près de huit ans de combat. Après l‘indépendance, le parcours de cet historien est élogieux dans son parcours professionnel au service de son pays. Plusieurs fois ambassadeur, il a occupé d'importants postes au sein du gouvernement. Redha Malek est donc un témoin privilégié des deux périodes-clés de l'histoire contemporaine de l'Algérie pour les avoir intensément vécues, la période coloniale avec sa fin précipitée par la lutte armée de tout un peuple et celle, postindépendance débouchant sur cette première décennie du XXIe siècle. Concernant la première période, les articles écrits, défendant la révolution de Novembre, n'ont pris aucune ride. Ile restent d'une actualité et d'une justesse incomparable, alors qu'ils ont été conçus au milieu des années 50, en pleine guerre de Libération où encore l'administration coloniale détenait tous les pouvoirs et où le chemin de l'indépendance était loin avec tous les sacrifices et les souffrances engendrées. Ainsi, Redha Malek écrivait dans un article paru en septembre 1957 avec pour titre, ‘'L'Indépendance nationale, seule issue possible.'' : «Le processus révolutionnaire est inexorable. Ce qui fait la force du peuple algérien, c'est qu'il sait ce qu'il veut et où il va. Il veut son indépendance et il sait que c'est une possibilité à portée de sa main et qu'il finira par l'atteindre». Cette indépendance doit être totale, immédiate et sans étapes ni transition. A propos des moudjahiddine, diabolisés par les armées coloniales, Redha Malek écrit en août 1957 : «Le moudjahid prévenant et dévoué veille à la sécurité des populations et les aide dans l'accomplissement de leurs tâches en participant à la moisson, à la cueillette, en les soignant et en les éduquant». Dans un autre article, il cite avec une précision digne d'éloge, les faits glorieux de dizaines de noms d'étudiants qui ont rejoint l'ALN après la grève du 19-mai 1956 et dont la plupart ont fait le sacrifice de leur vie. Dans cette rétrospective, Redha Malek évoque le rayonnement international de la Révolution algérienne. C'est ce rayonnement qui a contribué à la reconnaissance spontanée du Gouvernement provisoire de la République algérienne. L'Irak par exemple, l'a confirmé dès le premier jour et l'auteur ne tarit pas d'éloges sur l'aide matérielle et financière apporté par le peuple irakien. Cette reconnaissance a été à l'ordre du jour de la rencontre que Redha Malek a eu au Vietnam, nouvellement indépendant, avec le légendaire Ho Chi Min. L'auteur raconte avec émotion cette entrevue où la solidarité avec le combat du peuple algérien était totale. UN PARTISAN DE LA DÉMOCRATIE Dans sa préface, ce témoin privilégié parle de la nécessité de se référer à ces idéaux et valeurs de la Révolution de Novembre et ce, afin de pouvoir définir la grande entreprise de renaissance du peuple algérien car comme il l'écrit : «Nous n'avons pas le droit de laisser filer entre nos doigts un immense acquis pétri d'incommensurables sacrifices» et de justifier cette noble démarche en s'interrogeant : «Je m'étonne que l'une des plus grandes révolutions du XX siècle qui a suscité tant de sympathies et d'espoir, soit négligée par ses propres enfants Dans ce livre à grande dimension, Redha Malek aborde encore les sujets les plus divers sur les étapes de la guerre d'Algérie. Il les montre en exemple vis-à-vis de l'époque actuelle. Il donne une place de choix à la démocratie qui, pour lui, est la meilleure alternative. Il consacre tout un chapitre à cette notion où il se place en véritable pédagogue, mettant en valeur ses avantages et ses perspectives pour le progrès et le développement économique, social et culturel. La table des matières abonde aussi dans d'autres sujets comme l'Islam et la modernité ainsi que différents thèmes en matière de diplomatie. Redha Malek se donne un devoir de mémoire d' évoquer les œuvres marquantes de personnalités étrangères, politiques ou intellectuelles, qui se sont engagées à fond pour la cause algérienne. Il titre ainsi, la voix du juste pour Mgr Léon Etienne Duval et le courage de l'objectivité, pour Paul Marie de la Gorce. Dans cette démarche, il rend un hommage particulier à des héros nationaux, à Abane Ramdane pour son message et à Mohamed Boudiaf pour son immense parcours de la résistance à l'ouverture démocratique.