Rencontrés au siège de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel à Dar Abdeltif, Sofiane Abou Lagraâ et son assistante et non moins épouse Nawal ont parlé du spectacle de danse contemporaine qui sera présenté samedi 18 septembre 2010 en première mondiale au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. M. Orif, responsable de l'Aarc, a tenu à rappeler la genèse du projet qui est l'aboutissement d'une idée qui a vu le jour lors de la cérémonie de clôture à la salle Atlas du 2e Festival panafricain d'Alger. La chorégraphie de ce spectacle, signée Sofiane Abou Lagraâ, avait permis d'envisager avec le ministère de la Culture des perspectives de développement de la danse contemporaine en Algérie. Lors de la rencontre avec la presse, les intervenants ont tenu à préciser qu'au-delà de son aspect artistique, ce projet est avant tout un projet de formation. Car la plupart des danseurs “viennent de la rue”, comme affirmé par le couple. Durant les sept mois dudit projet, Nawal Abou Lagraâ, avec cinq autres professionnels de la danse, a d'abord formé les danseurs sélectionnés (sur 400, 10 ont été retenus) en danse classique, contemporaine et yoga afin qu'ils soient fin prêts à aborder le travail avec Sofiane. De ce travail, le couple en garde un bon souvenir. Ils ont salué le travail acharné de toute l'équipe : “Ce que nous avons fait en sept mois avec les danseurs algériens, nous l'aurions fait en quatre ans ailleurs.” Intitulé Nya, ce spectacle entièrement conçu par la compagnie La Baraka est un diptyque pour dix danseurs, composé de deux parties. La première sur la fameuse musique le Boléro de Ravel alors que la seconde sera plus traditionnelle, plus sensuelle en mouvements et en musique puisqu'elle aura pour fond musical des chants de Houria Aïchi. Deux univers différents mais que la danse et la musique unissent le temps d'un spectacle. Leur point commun : une chorégraphie hip-hop et un mélange d'énergie. Nya ne raconte pas d'histoire, sauf celle de personnes et des talents à regarder. C'est de la poésie qui met en scène des hommes dansant avec sensualité. Abordant le projet proprement dit, Sofiane Abou Lagraâ a affirmé qu'il “est un pont culturel franco-algérien”. Et d'expliquer que le spectacle Nya a été porté par les deux pays, donnant naissance, d'une part, à un “pont culturel méditerranéen” entre les deux rives Sud et Nord et, d'autre part, à la création d'une cellule de danse contemporaine du Ballet national algérien. Ce qui n'était que tentatives dans un passé récent a pris forme en 2010 avec Nya. Pour le chorégraphe, ce spectacle est “une suite logique du 2e Festival panafricain”. Quant au choix du titre, Sofiane Abou Lagraâ l'impute à la confiance. En 2008, il avait été mis en garde de ne pas venir travailler en Algérie. Confiant, il est venu et il revient avec ce projet qu'il qualifie de travail “dans la durée”. Le but de ce couple est de faire de la danse contemporaine une tradition pérenne en Algérie. Ils ont signé pour trois ans, ils espèrent signer pour dix ou plus. Pour former, car, selon eux, le talent et la volonté existent, mais l'amateurisme est trop présent. À rappeler qu'après les trois dates à Alger (18,19, 20 septembre prochain), le spectacle Nya sera présenté à la Biennale de danse contemporaine à Lyon le 26 du mois en cours. Il tournera également au Moyen-Orient et en Europe. Grâce à ce spectacle, c'est une autre image de l'Algérie qui sera exportée.