La rentrée culturelle 2010/2011 de l'Agence algérienne du rayonnement culturel (Aarc) s'annonce d'emblée, des plus intéressantes. L'entame se fera par la danse. Et pas n'importe quelle danse, de la danse contemporaine SVP via un spectacle qui met d'emblée, en avant, sa foi et son entière confiance en nos jeunes talents de danseurs. Il sera donné les 18, 19 et 20 septembre, à 19h au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Pour en savoir plus, l'Aarc nous a reçus, hier matin en son siège, en compagnie des artisans de ce spectacle. Passé l'amateurisme, nos jeunes possèdent des talents cachés, insoupçonnés, pour peu qu'on les prenne en main. C'est ce qui vient de se passer. Ce n'est donc pas fortuit si le spectacle est intitulé Nya. Il est signé Sofiane Abou Legraâ, le danseur et chorégraphe que le public algérien a découvert lors de la clôture du Festival culturel panafricain en juillet 2009. Nya s'inscrit ainsi dans la continuité logique des choses. Car Sofiane Abou Legraâ a décidé d'offrir ses services à son pays et ainsi de développer les performances artistiques de nos danseurs algériens. Pour ce faire, un projet algéro-français est né. Placé sous le signe du Pont culturel méditerranéen, il est destiné à développer cet art en Algérie en créant, notamment une cellule de danse contemporaine au sein du Ballet national algérien. Aussi, durant près de sept mois, des danseurs algériens de tous bords, ont appris depuis le mois de janvier, les rudiments de la danse avec la danseuse et responsable de la pédagogie, Nawal Abou Legraâ, qui, en plus des cours de danse classique et de yoga, leur transmettra la connaissance du corps et de son anatomie afin de mieux le connaître et d'acquérir ainsi une certaine maîtrise pour l'apprivoiser. Du bagage technique et une formation de base indispensable en premier lieu avant de se lancer dans l'apprentissage des gestes qui obéissent aux règles de la chorégraphie. Autrement dit, avant de passer par les mains du chef Abou Legraâ. Une préparation physique nécessaire dont Nawal se félicite tout en soulignant qu'elle ne pouvait faire la même chose avec d'autres danseurs. «Nous avons obtenu un résultat des plus satisfaisants avec ces danseurs, sur à peine sept mois, chose incroyable qu'on n'aurait pas pu faire ailleurs, cela aurait pris 4 ans en France, cela donne de l'espoir pour les générations futures quand on voit comment ces derniers se sont investis.» Et Sofiane Abou Legrââ de poursuivre: «Ces danseurs viennent tous de la rue sauf un Mokhtar Boussouf qui a déjà de l'expérience...ils se sont retrouvés depuis le mois de janvier grâce au Ballet national qui a les salariés à l'année en les faisant travailler de 10h du matin à 18h, tous les jours, suivant un rythme de danseurs professionnels. Une formation accélérée.» Nya c'est aussi, nous apprend-on, un spectacle «poétique» en deux parties. La première est assurée musicalement par le Boléro de Ravel. La seconde par les chants des Aurès de Houria Aïchi, avec une pause de cinq minutes entre les deux pièces. Deux univers culturels qui illustrent parfaitement ce pont culturel franco-algérien. Le spectacle sera ouvert par un court métrage de huit minutes. «Je pensais que mon rêve était de travailler un jour à l'Opéra de Paris. En fait, mon plus grand rêve est en train de se réaliser aujourd'hui. C'est de travailler en Algérie. Mes parents viendront de France pour assister au spectacle, c'est ma plus grande fierté.» Et M.Mustapha Orif, le directeur de l'Aarc de faire remarquer: «Il s'agit de donner la chance à des jeunes talents algériens de s'exprimer et d'être présents sur la scène artistique, à la fois en Algérie et à l'étranger. Ils sont 10 jeunes danseurs qui ont été sélectionnés après de longues auditions. Ce spectacle va, d'une part, permettre de faire connaître ces jeunes danseurs et d'autre part, permettre à cette discipline, qu'est la danse, de se développer peu à peu en Algérie, cela est le souhait du ministère de la Culture. Il y a aussi le Ballet national qui a besoin de se régénérer. Cette cellule de danse contemporaine va contribuer ainsi à élargir les horizons que nous offre traditionnellement le Ballet national.» «Nya est la vitrine d'un projet de formation. Il se veut la suite logique du Festival culturel panafricain. Qu'a-t-il apporté ce Panaf à l'Algérie? Eh bien, ce spectacle se veut une réflexion qui entend s'installer dans la durée. On veut pérenniser la danse. Donc il s'agit d'un travail, de salaires et d'une nouvelle compagnie de danse contemporaine, un nouveau souffle qui va représenter l'Algérie autrement. Ce qu'on connaît de la danse en Algérie, n'est que son patrimoine, ses danses traditionnelles. Et ce qu'on veut montrer en Europe et au reste du monde, est que l'Algérie s'est bien relevée depuis la tragédie nationale et qu'elle a vraiment des talents. Nous voulons montrer que l'Algérie a de la passion, que c'est possible!», a relevé Sofiane Abou Legraâ avant de conclure: «Je suis Algérien, je vis en France, mais c'est en Algérie de faire en sorte que les choses avancent et de faire exprimer et exister la danse contemporaine. Il est très important pour chaque pays d'avoir sa compagnie de danse car cela exprime l'image de talents de la société au présent, qui va vers le futur. Nous avons signé pour trois ans, nous espérons continuer pour 10 ans. Le but de cette formation est que ces jeunes puissent devenir, à leur tour des chorégraphes...»