L'ancien ministre d'Etat français, Jean-Pierre Chevènement a animé, dimanche soir, au Centre culturel français à Oran une conférence intitulée « République, laïcité et religions » devant un parterre hétéroclite de personnalités de la ville. Un sujet sensible qui prête à polémique comme il tiendra lui-même à le souligner. Accompagné du Consul général de France à Oran, et après une présentation succincte de l'orateur, le Sénateur du territoire de Belfort se rappellera son passage en Algérie et plus précisément à Oran, en tant qu'appelé du contingent ensuite à l'administration de la préfecture d'Oran où il avait en charge les relations avec l'armée française et algérienne. De cette époque-là, il gardera un souvenir indélébile du pays, un amour sans limites aux Algériens et la découverte du fait colonial, du combat de l'Algérie et de la position difficile de la France. «J'ai découvert la générosité du peuple algérien et son courage et j'ai appris à aimer le peuple algérien jusqu'à aujourd'hui», dira-t-il en substance. «Oran se confond avec ma jeunesse», affirmera-t-il encore en se rappelant sa rencontre, le 10 juillet 1962, avec Ben Bella et Boumediène à Tlemcen. M. Chevènement, attaquant le thème de sa conférence, parlera longuement de la place de l'Islam en France en affirmant qu'«il avait pleinement sa place à la table de la République» et qu'avec l'installation du Conseil français du culte musulman, le CFCM, en 1989, beaucoup de problèmes rencontrés par les musulmans de France ont été réglés. « En initiant le CFCM et en réunissant les différentes sensibilités musulmanes existantes, on a solutionné plusieurs problèmes comme la construction des mosquées même si certains aspects comme la formation des imams, pour la plupart des étrangers ne maîtrisant pas parfaitement le français, sont en train d'être pris en charge». Parlant des rapports entre les civilisations et les religions, et la théorisation du clash des religions «la guerre des dieux», l'orateur pourfendra les extrémismes de tous bords en préférant s'en remettre aux préceptes et à la pensée de Jacques Berque, «mon véritable maître à penser», qui a décrété que pour atteindre à l'universalité et à la fraternité, il fallait passer par la médiation des cultures. Quant à la laïcité, M. Chevènement affirmera qu'elle est loin d'être incompatible avec la religion musulmane parce que selon lui, «si la laïcité est tolérance, l'Islam est à même de comprendre cela, ce qui n'est pas le cas du catholicisme». A propos de l'évolution des relations algéro-françaises, il dira qu'elles ne peuvent que s'améliorer. «L'avenir sera beaucoup plus long que le passé», ajoutera-t-il avant d'évoquer la question de la burqa en expliquant que la polémique suscitée par les débats est la résultante de malentendus profonds et qu'elle ne concerne qu'une centaine de personnes. «Les Français ont des valeurs auxquelles nous sommes fondamentalement attachées». Un débat a suivi la conférence où plusieurs questions, ayant trait à l'actualité internationale et à l'intégration, ont fait l'objet de débat.