La Situation en Crimée s'envenime à tel point que le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de tenir de nouvelles consultations à huis clos samedi après-midi à New York sur la situation en Ukraine et dans la péninsule. Cette réunion, la deuxième convoquée en urgence en deux jours sur ce dossier, rassemblera à 14H00 locales (19H00 GMT) les ambassadeurs des 15 pays du Conseil, à la demande du Royaume-Uni. La première réunion avait abouti sur la décision de dépêcher un émissaire dans la péninsule, déplacement qui a été annulé à la dérnière minute pour des raisons sécuritaires. L'émissaire de l'ONU, Robert Serry a annulé samedi sa mission en Crimée, dans le sud de l'Ukraine, en raison de tensions rendant impossible toute visite de cette région. Après une réunion d'urgence à huis clos au Conseil de sécurité vendredi, Ban Ki-moon avait ordonné à M. Serry de se rendre en Crimée, avec l'objectif de faire retomber l'escalade des tensions. "J'ai depuis été en contact avec les autorités de la République autonome de Crimée et j'en suis venu à la conclusion qu'une visite en Crimée aujourd'hui n'était pas possible", a souligné Robert Serry dans un communiqué depuis Kiev. "Je vais donc me rendre à Genève, où je ferai rapport demain (dimanche) au secrétaire général de ma mission et le consulterai sur les prochaines étapes", a-t-il ajouté. Sur le plan politique, Kiev refuse de reconnaître le nouveau Premier ministre de la Crimé, a annoncé le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov en publiant samedi un décret refusant de reconnaître le nouveau chef de l'exécutif de la république autonome de Crimée. "Sa nomination s'est produite en violation des lois ukrainiennes", a souligné M. Tourtchinov dans un communiqué. Quant au ministre ukrainien de la Défense Igor Tenioukh, il avait affirmé que la Russie avait envoyé 6.000 hommes et 30 blindés en Crimée, république autonome d'Ukraine en proie à des tensions séparatistes. M. Tenioukh a déclaré lors d'une réunion du conseil des ministres que la Russie avait commencé à envoyer vendredi ces renforts sans "préavis ni la permission de l'Ukraine, en contravention avec les principes de non ingérence dans les affaires des Etats frontaliers". Par ailleurs, le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) a approuvé samedi à l'unanimité le recours à l'armée russe en Ukraine, à la suite d'une demande en ce sens du président Vladimir Poutine. "En raison de la situation extraordinaire en Ukraine et de la menace pesant sur la vie des citoyens russes, de nos compatriotes, des forces armées russes déployées en Ukraine", M. Poutine a demandé d'autoriser "le recours sur le territoire de l'Ukraine aux forces armées russes, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays", selon un communiqué du service de presse du Kremlin. La Russie dispose d'une importante force navale forte de 20.000 hommes basée dans le port de Sebastopol en Crimée, région autonome d'Ukraine, dans le cadre d'un accord entre les deux pays. Sur le terrain, des dizaines de personnes ont été blessées samedi à Kharkiv (est de l'Ukraine) en marge d'une manifestation de pro-russes qui ont pris d'assaut le bâtiment de l'administration régionale, selon des médias. Des heurts aux "jets de pierres, de grenades assourdissantes et de tirs", ont éclaté en marge du rassemblement de quelque 20.000 pro-russes dans le centre de la ville. A la fin du rassemblement, quelque 300 manifestants ont lancé l'assaut contre le siège de l'administration régionale où se seraient barricadés des partisans des nouvelles autorités pro-européennes.