« Il y a quelques années à peine, les Américains d'origine arabe, qu'ils soient musulmans, chrétiens ou autres, ne participaient à aucune activité politique. Mais depuis les attentats du 11 septembre, les choses ont changé. «Avant le 11 septembre, les Arabes ne s'intéressaient pas à la politique, sauf concernant la question palestinienne. Traumatisés par les complications politiques vécues dans leurs pays d'origine, ils préféraient se soucier plutôt de leur éducation. D'ailleurs, les Arabes ont un niveau éducatif plus élevé par rapport aux autres communautés». Ce sont là les propos de l'experte consultante dans l'organisation des élections et professeur à l'Institut arabe aux Etats-Unis, Maram Abdelhamid, au forum Echaab. Cependant, déclare-t-elle, après les attentats du 11 septembre où les Arabes étaient pointés du doigt, la communauté arabe, estimée à 3,5 millions de personnes, a décidé d'agir politiquement pour se défendre. Cela dit, regrette-t-elle, si la communauté arabe réagit fortement devant toute tentative raciste ou discriminatoire, elle n'arrive pas, toutefois, à exprimer des positions claires et fixes. «Il ne faut pas oublier que le parcours politique arabe aux USA et encore jeune. Il nous faut du temps et plus d'expérience pour agir plutôt que réagir. Mais cela ne signifie pas pour autant que notre voix ne se fait pas entendre», affirme-t-elle en citant, comme exemple de la tentative de Théry James de brûler le Coran le 11 septembre. «Nous avons tout de suite réagi dans une campagne de sensibilisation par le biais des médias et le Net mais aussi au Congrès. Nous avons souligné qu'il n'était pas dans l'intérêt des Etats-Unis de s'attaquer au plus grand symbole de l'Islam. Un pays qui compte, par ailleurs, 7 millions de musulmans», explique-t-elle en confiant que leur campagne a été soutenue par de grands politiciens américains, des juifs et même par la communauté japonaise. Elle ajoutera à ce propos que la position du gouvernement américain était claire sur ce sujet. Toujours dans le même contexte, l'experte a signalé que l'autodafé du Coran est une affaire purement politique, qui n'a rien à voir avec l'islamophobie. «A l'approche des élections régionales prévues en novembre prochain, les républicains et les démocrates s'inventent une bataille et ont fait de cet incident, qui est l'œuvre d'une personne qualifiée de «folle» en Amérique, une affaire politique. En Amérique, tout le monde est protégé par la Constitution, y compris les musulmans», dit-elle. Pour revenir à l'islamophobie, la conférencière reconnaît que ce fléau existe aux USA mais est très limité et ne prend des proportions aussi graves qu'en France.