Maliki, qui a accusé, en janvier dernier, certains pays de la région, sans les nommer, d'être « diaboliques » et « traîtres », met les points sur les « i ». Il ose, à moins de deux mois des législatives, prévues le 30 avril, pointer du doigt les deux puissances sunnites du Golfe. « L'Arabie saoudite et le Qatar attaquent l'Irak, via la Syrie, et de manière directe, les deux pays ont déclaré la guerre à l'Irak », dit-il dans un entretien à France 24. « Ils sont les premiers responsables des violences entre communautés, du terrorisme et de la crise de sécurité en Irak », martèle Al Maliki, avant d'enfoncer davantage Doha et surtout Ryad. Même si les tensions entre elles sont vives, les deux capitales, explique-t-il, « fournissent un soutien politique, financier et médiatique aux insurgés et achètent des armes au bénéfice des organisations terroristes » qui activent en Irak. Sur sa lancée, il tord le coup à l'explication avancée par certains pays de la région pour expliquer les violences en Irak : le ressentiment de la minorité sunnite face au gouvernement chiite et par le conflit syrien. « Ces accusations sont nourries par des personnes sectaires liées à des agendas étrangers, avec une incitation saoudienne et qatarie » dit-il avant de s'en prendre à l'Arabie saoudite. Le royaume, dit-il, « soutient le terrorisme en Syrie, en Irak, au Liban, en Egypte, en Libye et même dans les pays au-delà du monde arabe ». Même si l'Irak a connu, en 2013, sa pire flambée de violence depuis le retrait américain en 2008 (8.868 morts) et déjà 1.800 morts depuis janvier dernier, al-Maliki tient un discours rassurant : « le pays ne connaîtra pas une nouvelle guerre civile, même si al-Qaïda et certains de ses affidés tentent de créer des sanctuaires à la frontière avec la Syrie et que des djihadistes y compris des Européens continuent d'entrer dans son pays ». Et la conférence internationale sur le contre terrorisme prévue mercredi et jeudi prochains à Bagdad sous les auspices du Premier ministre ? Elle est maintenue, répondent les Irakiens, qui s'attendent à voir les participants discuter du soutien logistique, financier et militaire aux groupes terroristes et de l'ouverture des camps d'entraînement dans certains pays dans la région. Ryad, qui rappelé mercredi son ambassadeur à Doha pour dénoncer le soutien du Qatar à la montée islamiste dans la région et se défend de soutenir les groupes extrémistes, saisira-t-elle cette conférence pour s'expliquer ? Un kamikaze a fait détoner un minibus chargé d'explosifs au milieu d'une file de voitures à un barrage routier, hier matin, à l'entrée nord de Hilla, une ville à 95 km au sud de Bagdad. Bilan : 34 morts et 167 blessés.