Un public nombreux est venu ce mardi, au Centre culturel français, suivre la conférence donnée par l'ancien ministre d'Etat de la France, Jean Pierre Chevènement. Parmi cette nombreuse assistance, on notera des présidents d'association, des chefs de parti, des intellectuels algériens ainsi que de simples citoyens, curieux de connaître cet homme qui a manifesté publiquement son opposition à la guerre contre l'Irak alors qu'il était ministre de la Défense et qui est un ami sincère et fidèle de l'Algérie. Sincère et fidèle ami de l'Algérie, Jean Pierre Chevènement l'est à plus d'un titre, témoin sa trentaine de séjours dans notre pays depuis près de cinquante ans. Dans son intervention portant sur le thème de la laïcité, il n'a cessé de rappeler les liens qui le rapprochent du peuple algérien. Il parle de l'avenir des relations entre les deux pays, une relation plus longue et plus fructueuse qu'elle ne l'a été au cours de la période sombre de la colonisation. Le conférencier a ensuite défini le concept de laïcité. Cet état constitue un modèle de coexistence paisible entre les diverses sensibilités d'une même société. Dans la religion musulmane, la pratique de ce modèle n'est pas incompatible. Jean Pierre Chevènement le justifie en citant les études et recherches de Jacques Berque, islamologue ayant vécu en Algérie et auteur d'une traduction sur le Coran. « Pas moins de quarante citations existent dans le tradition du Prophète argumentant cette idée », explique l'orateur faisant admettre que le Coran, par son essence, est en concordance avec la laïcité. Jean Pierre Chevènement, en sa qualité de ministre des cultes, a beaucoup œuvré à l'édification d'un cadre organisationnel de l'Islam en France. « Il y a aujourd'hui mille huit cent lieux de prière des musulmans en France avec à leur tête un représentant de cette religion », précise–t-il. Il approuve cependant la récente décision d'interdire le port de la burka, cachant le visage en argumentant que cette tenue n'est pas prescrite par l'Islam, remontant à la période d'avant la révélation. Jean Pierre Chevènement s'élève vigoureusement contre la loi sur les minarets en Suisse, la jugeant insensée de la faire voter par référendum. La laïcité pourtant, si elle est aujourd'hui un fait courant dans les républiques européennes, l'attachement à la religion reste cependant très vivant et le conférencier de commenter. « En France, vingt pour cent des familles optent pour des écoles religieuses concernant l'éducation de leurs enfants. En Allemagne, existe un impôt destiné au soutien de la religion. Quant aux Etats-Unis, les présidents élus jurent la main sur la Bible ».