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Les porteurs de la parole des sans voix
Kateb Yacine et Frantz Fanon
Publié dans Horizons le 17 - 03 - 2014


Qu'est-ce qui peut lier Frantz Fanon à Kateb Yacine, deux grandes figures de l'histoire contemporaine algérienne avec leurs positions vis-à-vis de la révolution et un itinéraire intellectuel commencé dans les mêmes années, et ce, sans pour autant se connaître ? Aucun doute sur leur dévouement pour crier à l'injustice coloniale et revendiquer le droit au peuple algérien de choisir son destin. Le professeur Seloua Luste Boulbina, directrice de programme au Collège international de la philosophie (Paris) et chercheuse associée à l'Université Denis Diderot Paris VII, a animé une conférence-débat à l'Institut français de Constantine la semaine passée sur le sujet de la migration des idées chez les deux auteurs. Elle considère d'emblée que les idées ne sont pas figées et ne sont pas des propriétés privées. Il y a soixante ans, en pleine guerre d'indépendance, le regard et le soutien des intellectuels algériens ou étrangers sympathisants de la cause algérienne était essentiel. Kateb Yacine et Frantz Fanon en ont fait partie, deux intellectuels qui, à l'époque, ne se connaissaient presque pas, ne se fréquentaient pas mais avaient beaucoup de choses en commun, affirme Mme Boulbina. L'un romancier et dramaturge, l'autre médecin psychiatre : « Je voulais croiser deux types de doctrines la première analytique de Fanon la deuxième littéraire de Kateb. Ils ont eu un parcours différent mais ils luttaient pour la même cause. Pour Fanon, qui s'est installé à Blida pour exercer son métier de psychiatre, son frottement avec la population indigène, comme on disait à l'époque, avait bousculé sa vie. Il comprend naturellement - sans comprendre la langue arabe - que dans ce pays on y exerce une ségrégation raciale et sociale. Kateb et Fanon décrivent la colonisation par subjectivité et la négation du point de vue du colonisé, chose qui n'existait pas encore » affirme le professeur Boulbina. En outre, la conférencière estime que le thème de la folie est partagé par les deux hommes, une pathologie qui a marqué leurs vies et transmises ensuite dans leurs écrits : « Chez Kateb on sait que sa vie a pris une tournure à partir des événements de mai 1945 lorsqu'il fut arrêté et qu'en conséquence sa mère a été atteinte de folie. Quant à Fanon, c'est à partir des pathologies mentales de ses patients qu'il a commencé à s'intéresser à l'Algérie et à sa population. Ces deux auteurs sont profondément touchés par ce qu'ils voient mais chacun opère à sa manière et aucune des deux écritures n'est conventionnelle même pour Fanon qui écrivait à la première personne par le « Je », ce qui signifie en philosophie que c'est un geste décisif pour assumer ses écrits. Ils sont tout deux atteints de blessures invisibles qu'on ne peut pas voir, mais entendre. Car ceux qui subissent des blessures dans le contexte de la colonisation ne peuvent pas se défendre, c'est Fanon qui l'a constaté avec ses patients qui avaient presque tous un corps raide. Très vite, leurs textes sont devenus des clins d'œil à l'indépendance, ils réclamaient la justice et portaient une parole au nom du peuple algérien. » Autre similitude entre les deux intellectuels : le français comme langue. Mais le français de qui ? Celui des oppressés, le butin de guerre comme disait Kateb : « La langue est une prothèse disait Jacques Derrida. Fanon et Kateb parlaient deux langues – le créole et l'arabe dialectal - qui n'étaient écrites, ils utilisaient donc le français comme moyen pour s'exprimer. La déclaration d'indépendance se déroule surtout dans le théâtre chez Kateb Yacine. Même Fanon avait écrit trois pièces quand il était jeune et pour lui aussi la voix est très importante. Ils répondent tous les deux aux blessures narcissiques qui diminuent les libertés, les textes symbolisent des sujets désymbolisés c'est-à-dire toutes les choses que la colonisation a déraciné comme la langue, les traditions ou l'identité. Fanon et Kateb sont devenus alors non pas des porte-paroles et des porte voix. Ils portent la parole des sans voix. »

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