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L'ambition de devenir l'exemple à suivre par les autres communes
Entretien avec les élus de l'APC
Publié dans Horizons le 22 - 03 - 2014

Après une année d'exercice, quel bilan pouvez-vous en faire ?
Faïd Laghel (vice-président) : Pour nous, il est largement positif, puisque nous avons réalisé presque tous les projets inscrits pour l'année 2013. Ils sont soit achevés, soit en voie de l'être. Bien sûr, nous avons tenu compte de la priorité à accorder en fonction des nécessités de la commune et des besoins de la population dans les quartiers et villages, ainsi que de la disponibilité du financement. Nous avons récemment organisé des portes ouvertes sur la collectivité de Tibane, concomitamment avec les quatre communes de la daïra, et la daïra. Ces portes ouvertes des collectivités de la daïra de Chemini ont été conçues pour trois raisons, à savoir présenter le bilan 2013, dresser un historique de la commune de Tibane, parce que c'est une nouvelle commune en quelque sorte puisqu'elle a été créée en 1985, et informer et mettre à la disposition du citoyen des informations sur leur commune, sur ce qui se passe, comment on gère et comment on réalise des projets.
Quels sont ces projets ?
Faïd Laghel : Nous avons accordé la première priorité à l'AEP, que ce soit la réalisation des conduites et leur réfection que le captage des sources en montagne, qui n'est pas aussi facile qu'on le pense. Il faut une étude au préalable, donc de l'argent à engager. Pour la pose de nouvelles conduites et la réfection de l'ancien réseau, nous l'avons fait pour presque tous les villages, qui sont au nombre de neuf. La priorité, nous l'avons donc accordée à l'eau. Il y a aussi l'assainissement, le bétonnage des ruelles, l'éclairage public dans les quartiers du chef-lieu et dans les villages. Nous avons mené également un grand projet relatif à l'amélioration urbaine dans tout le centre du chef-lieu jusqu'à un rayon de 3 à 4 km autour, et réalisé l'ouverture d'un centre pour diabétiques, actuellement fonctionnel, au niveau de la polyclinique.
Hammiche Khiereddine (vice-président) : Le centre urbain mis à part, les villages ont des soucis d'eau, d'assainissement, de routes et d'éclairage public. En général, c'est de l'entretien que nous faisons parce que ces questions ont été prises en charge auparavant. Mais il reste toujours quelque chose à faire ou à refaire parce qu'il a été mal fait. Sinon, pour le développement de la commune, nous fondons de grands espoirs sur le site dit Agoulmime Ykher qui va abriter certains projets. Certains sont déjà achevés ou en voie de l'être, comme le stade communal, la grande salle de sport, ainsi que le stade de proximité. Il y a d'autres infrastructures qui vont être ajoutées. La route est déjà réalisée, elle permet à beaucoup de visiteurs de se rendre sur place et même les terrains qui étaient auparavant abandonnés sont aujourd'hui clôturés par leurs propriétaires qui les travaillent ou ont l'intention de construire des maisons. Nous sommes sortis un peu de l'étroitesse de nos villages et nous commençons à respirer. Nous pensons que c'est là un projet d'avenir. Nous avons par exemple l'intention de réaliser des aires de jeux et d'attraction pour les enfants, une auberge, peut-être créer un village touristique, des tribunes pour le stade, le gazonnage, un parking. Nous avons aussi enregistré des intentions d'investissement par des particuliers notamment. Mais bon, nous n'allons pas divulguer toutes les infrastructures que nous comptons implanter sur ce site. Nous préférons garder nos idées jusqu'à leur concrétisation. Les gens pourraient dire de nous que nous rêvassons. Parmi les nouveautés, nous avons mis sur pied un musée communal et nous avons l'intention de réaliser une nouvelle poste, avec un logement de fonction, une cantine pour le CEM en attendant d'arracher un projet de CEM digne de ce nom. Puisque nous en parlons, à côté du CEM existant, nous avons réalisé une salle de sport et nous sommes en train de faire les derniers aménagements.
Le sport pour les jeunes c'est bien, mais sur le plan de l'emploi, avez-vous fait quelque chose, s'il est en votre pouvoir d'en faire ?
Hammiche Khiereddine : S'il est en notre pouvoir, c'est bien précisé. Moi je dis toujours thighiwanin tsikhiwanine (les communes sont à sec), elles ne vivent que grâce aux subventions étatiques. Sans ces aides, les communes n'existeraient même pas, il n'y a ni usine ici, ni rien. Il y a un peu d'activité commerciale, mais nous n'allons pas revenir à l'artisanat ancien, même s'il est toujours bon de le préserver. Notre région a des potentialités, mais il est difficile d'intéresser les jeunes. On a abandonné l'agriculture. L'oléiculture est une des plus grandes richesses dont on dispose ici, mais on est aveugle à cette richesse. Personne ne pense à remplacer un olivier détruit par un incendie. Il y a un programme du ministère de dotation de plants d'oliviers pour remplacer les vergers détruits, mais notre commune n'en a pas bénéficié. Certains font de l'apiculture. Il faut encourager ces gens. Ce que nous avons fait dans ce cadre, c'est ouvrir des pistes agricoles. Nous avons exigé des engagements des bénéficiaires de ces pistes. Vous savez comment sont les gens, ils s'opposent pour un rien. Nous avons demandé l'approbation préalable pour que le projet soit réalisé aussitôt prêt. Il y a des gens qui se sont inscrits pour faire des formations en apiculture ou en greffage par exemple. C'est une bonne chose. Les gens commencent à comprendre qu'une aide n'est pas forcément financière.
Le chômage des jeunes est-il important dans votre commune ?
Hammiche Khiereddine : Je n'ai pas de chiffres exacts, mais je peux dire que l'APC a fait son possible dans le cadre du pré-emploi ou des travaux d'utilité, mais au niveau de notre commune, on s'étonne des fois de ne pas trouver un manœuvre. Les jeunes sont « accros » à l'Angem et autres dispositifs d'aide. Quand une entreprise vient réaliser un projet ici, nous avons du mal à lui trouver des manœuvres sur place et même des maçons. Quand vous proposez un emploi à un chômeur, il refuse, et d'un autre côté, il en réclame. Ça nous laisse pantois. Dès que nous leur proposons des postes comme coffreurs, briqueteurs ou ferrailleurs, il n'y a plus personne. Pourtant ça gagne bien, et ils peuvent très bien réussir en montant une entreprise. On n'arrive d'ailleurs pas à ouvrir des sections dans ces spécialités. Il y a eu tout une campagne de sensibilisation à ce propos, tout en introduisant d'autres métiers, bien sûr, comme la mécanique, la ferronnerie, l'électromécanique, la plomberie, la peinture, qui intéressent tout de même les jeunes.
Belkacem Yataghane (élu, président de la commission aménagement et urbanisme) : Même s'il reste bien des choses à faire dans les domaines culturel, sportif, éducatif ou autres, on peut d'ores et déjà dire que beaucoup d'étapes ont été franchies dans la commune de Tibane. L'équipe actuelle, à sa tête Attouche Zahir, travaille pour un développement durable. Nous avons carrément banni le bricolage. Tous nos projets sont établis sur une étude approfondie. A titre d'exemple, pour le groupe scolaire, nous sommes à la troisième réunion pour choisir le lieu, l'architecte, etc. Je crois que la commune sera un exemple pour les autres. Nous, nous ne cachons pas derrière des prétextes pour ne rien faire. Nous ne disons pas que c'est la faute aux autres si quelque chose bloque. Nous travaillons en bonne entente avec le chef de daïra, avec les autorités de wilaya. Les projets sont discutés en concertation avec l'ensemble des élus, le mouvement associatif, les comités de villags. Jusque-là, je n'ai connaissance d'aucun projet proposé par la commune qui ait été rejeté par une direction de wilaya ou autre. Dans notre commune il y a une équipe très soudée, homogène, quelles que soient nos petites différences, et on le dit, c'est dans la différence qu'on construit. On peut avoir des opinions différentes, mais le but à atteindre est le même. Le point le plus important à retenir, c'est la stabilité de notre commune. Dans l'intérêt de la commune, nous mettons de côté nos différends. Nous sommes de ceux qui regardent dans le passé, qui corrigent le présent pour construire l'avenir. Personnellement, je suis satisfait du développement actuel, du cheminement de notre commune dans tous les domaines. Il faut aussi dire à nos jeunes que ce qui a été accompli en cinquante ans d'indépendance est énorme. Nous n'avons pas à rougir devant, par exemple, aucune commune européenne. Aujourd'hui, nous sommes dotés de presque toutes les infrastructures. Il faut que les jeunes le sachent. Mais c'est vrai que nous ne communiquons pas suffisamment avec eux.
Qu'en est-il en matière de délivrance de documents administratifs et d'état civil au niveau de votre commune ?
Faïd Laghel : Pour tout ce qui a trait à la délivrance de documents, nous sommes dans l'opération comme dans toutes les communes d'Algérie. C'est opérationnel et tous les documents demandés par les citoyens sont faits à l'APC qui reste ouverte, y compris les week-ends. Nous travaillons toute la semaine, sept jours sur sept. Le citoyen n'a aucun souci. S'il a une urgence, même la nuit, nous appelons l'agent et nous ouvrons la mairie s'il le faut. Et c'est agréable de constater la satisfaction de la population.
Hammiche Khiereddine : Avant le 12 national, on répondait aussi par courrier aux demandes qu'on recevait de toutes les wilayas d'Algérie. On les passait en priorité, même s'ils ont oublié de joindre le timbre. Parce qu'on sait l'importance que cela a pour le citoyen. Ce n'est pas de la frime. Permettez-moi d'évoquer aussi le ramassage scolaire. On a huit bus, aujourd'hui, qu'on met à la disposition de nos élèves que ce soit vers Chemini ou Sidi Aïch, même pour les élèves du primaire comme ceux qui suivent leurs cours à Tighilt. On leur assure le transport gratuitement.
Vous aviez beaucoup d'argent alors ?
Belkacem Yataghane : Nous n'avons aucun privilège ou quelconque pouvoir. C'est la stabilité, la disponibilité et l'engagement des responsables qui ont donné ce résultat. Quand nous avons le souci de l'intérêt de la commune, celle-ci se développe d'elle-même, mais si nous occupons de conflits internes qui ne servent à rien, comme cela se passe dans beaucoup de collectivités locales, cela ne peut qu'occasionner des retards de développement. Pourtant, nous sommes une Assemblée pluraliste. Il y a trois ou quatre tendances politiques, mais on se côtoie et on travaille dans le respect de l'autre.
Hammiche Khiereddine : C'est très bien dit. Si tu te rappelles, le premier bus, nous l'avons acquis sur le fonds de la commune, en regroupant tous les reliquats, ensuite on avons obtenu un financement du FCCL, de la solidarité et sur budget de wilaya. Ce sont nos sources de financement pour ces bus.
Quelles sont vos autres sources de financement ?
Hammiche Khiereddine : A part les commerçants, il y a très peu qui déclarent. Il y a un retour minime. La plupart travaillent au noir. nous avons quelques petits investisseurs, mais ce n'est pas vraiment important. Belkacem Yataghane : Les revenus de la commune ne dépassent pas les 4 milliards de centimes, en revenu annuel. C'est une bricole. Nous arrivons à peine à assurer quatre mois de salaire. En fait, nous vivons des subventions de l'Etat.
Les subventions sont aléatoires. De votre côté, que projetez-vous pour réduire cette dépendance ?
Belkacem Yataghane : Les responsables ont bien réfléchi à la question. Le projet d'Agoumime Ykher que nous aons évoqué, qui est en train de se réaliser, a justement été pensé dans l'optique d'améliorer les recettes de la commune. Une fois achevé, ce sera toute l'économie de la commune qui va bouger. Dans une commune comme la nôtre, nous ne pouvons pas faire de l'industrie. Par contre, nous pouvons investir autrement et déjà des investisseurs se sont rapprochés de nous pour faire part de leurs propositions. Ce matin même, quelqu'un qui est venu pour nous proposer d'investir dans la restauration, un autre dans les jeux pour enfants, etc. Nous sommes conscients qu'un jour ou l'autre, l'Etat va nous dire prenez-vous en charge.
Belkacem Yataghane : Je voudrais souligner la bonne entente qui existe entre les communes limitrophes. Nous sommes en train de développer une réflexion commune, des projets communs en matière d'investissement ou dans l'électrification rurale, par exemple, les routes, le gaz...
Hammiche Khiereddine : A propos de gaz, normalement Tibane a bénéficié, dans le programme 2014, du branchement de 1.000 foyers dans une première étape. La commune compte 5.087 habitants et environ 1.200 foyers. Je crois que la tranche qui nous a été allouée sera suffisante. La conduite viendra, je crois, du côté de Tifra. Le tracé est déjà fait. Nous avons déjà informé les habitants par affichage, de sorte que si quelqu'un souffre d'un dégât quelconque provoqué par les travaux, il peut être indemnisé. Nous avons bien précisé que les terrains ne seront pas saisis. La conduite sera profondément enterrée, mais pour la remise en état, les gens vont être indemnisés. Cela aussi est un acquis. On espère que cela va être réalisé rapidement, parce que nous connaissons la lenteur qui caractérise ce genre de projet. Il faut rappeler que les habitants ont vécu le calvaire lors des dernières chutes de neige et il a fallu que la commune intervienne pour leur faire parvenir des bouteilles de gaz butane.
Belkacem Yataghane : Nous sommes aussi la première commune qui assure le ramassage d'ordures de manière quotidienne. Cela se ressent positivement sur l'hygiène et la propreté, malgré le fait que cela ne se fasse pas dans le respect des normes, mais on n'en reste pas là et on réfléchit déjà à la récupération, au triage. Il y a même un site qui a été réservé aux déchets solides. La commune est en train d'investir dans ce sens. Quand on veut, on peut, et Tibane veut être l'exemple à suivre. On est content que la commune de Tibane soit propre, mais on espère que toutes les autres communes fassent cet effort. La commune de Tibane a commencé avec très peu de moyens. Il y avait une trentaine de décharges sauvages. Aujourd'hui, l'APC dispose d'un service complet qui n'existait pas il y a quelques années. Pour cette tâche, il y avait à peine quelques employés dans le cadre du filet social. Maintenant, c'est une structure qui est dotée d'un responsable, de tous les moyens humains et matériels. Il y a même une subvention spéciale qui lui sera consacrée.
Faïd Laghel : Il y a toute une stratégie dans ce domaine. D'abord éliminer toutes les décharges sauvages. Nous les avons regroupées dans deux décharges et aujourd'hui il reste seulement la clôture des sites pour mieux contrôler ces déchargements. De plus, nous avons doté presque tous les quartiers de bacs à ordures et de dévidoirs, jusque dans les villages, quand il y a un accès pour le camion de ramassage. Nous tenons compte de la politique de l'environnement et nous avons en quelque sorte un vice-président pour étudier tout ce qu'il faut pour mettre en place comme programmes de protection, d'amélioration, tout en tenant compte de l'urbanisme et tout ce qui se fait comme réalisation pour s'intégrer dans l'environnement.
Hammiche Khiereddine : Je voudrais aussi mentionner que Tibane a bénéficié du don d'une ambulance qui a été affectée au centre de santé qui peut gérer ça au mieux. Il y a beaucoup d'autres points que nous pouvons évoquer, mais l'essentiel est dans le fait que nous travaillons ensemble, même si chacun est issu d'une formation politique différente. On veut que notre chez nous, notre commune, soit propre.


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