Le temps des vacances scolairesa été mis à profit par les élèves afin de travailler et gagner un peu d'argent pour aider leurs parents. Ils n'ont connu que labeur. Il s'agit particulièrement d'enfants issus de parents pauvres, mais pas seulement. Puisque certains enfants ne sont pas vraiment dans le besoin, mais se plient à la volonté de leurs parents qui les utilisent dans certaines tâches de manière provisoire. Adel est collégien, il est en fin de cycle moyen. Nous l'avons rencontré à la place du 1er-Mai à Alger. Il s'est autoproclamé gardien de parking puisque son âge ne lui permet pas de travailler. Affable, il n'a pas hésité à répondre à nos questions. « Je suis en classe d'examen, je révise mes cours le matin et, l'après-midi, je surveille les voitures stationnées tout près de mon domicile. Cela me rapporte un peu d'argent, et mes parents n'y voient aucun inconvénient », dit-il. Hacène et Amine, deux frères jumeaux âgés de 14 ans, se relaient dans l'épicerie de leur père pendant son absence. « C'est lui qui nous a demandé de vendre », dit le premier. Ils disent que cette tâche ne perturbe nullement leurs études, et puis l'un travaille le matin et l'autre l'après- midi. « C'est seulement quatre heures par jour, pour chacun de nous », disent-ils. Un autre père de famille habitant à Beni Amrane (Boumerdès) ne voit pas d'inconvénient en permettant à son fils âgé de 14 ans de vendre des olives au niveau de la gare routière. « De cette manière, il remplit son temps et je lui évite beaucoup de désagréments. Au lieu de le laisser errer dans les rues où il est probable qu'il rencontre des délinquants qui peuvent l'induire en erreur, je préfère donc le faire travailler. D'une pierre deux coups. D'une part, il s'occupe et d'autre part il amasse un petit pécule qui lui permet d'acheter ce dont il a besoin », explique le père. Les débouchés ne manquent pas pour le travail provisoire. Il est des employés dans plusieurs secteurs qui cherchent à être remplacés pendant un court laps de temps, comme les receveurs de bus. Sur plusieurs lignes intercommunales de la banlieue algéroise, nous avons rencontré des gosses pas plus grands que trois pommes faire fonction de receveur de bus. Pour 1000 dinars/ jour, les bambins ont préféré troquer les heures de repos contre des heures de travail. Moncef, 16 ans, est en première année secondaire, ce n'est pas la première fois qu'il travaille durant les vacances scolaires. « Le bus appartient à mon oncle, ses travailleurs sont, généralement, des journaliers et il me réserve toujours cet emploi pendant les vacances et à chaque fois que j'en exprime la demande », avoue Moncef. « Qui peut me donner 12 000 dinars ? Moi je les ai gagnés en 12 jours », aime-t-il à répéter. Les vendeurs de galettes sont également nombreux, ils campent aux abords des routes guettant un éventuel acheteur, et dès qu'une voiture ralentit, l'enfant se précipite promptement pour servir le client, parfois à ses risques et péril. Les Moncef, Adel, Hacène et Amine sont légion. Certes, la loi sur le travail des enfants est claire, mais souvent la précarité sociale des parents les oblige à travailler sans en tenir compte. L'enfance est parfois sacrifiée.