« Les combats se sont étendus aujourd'hui entre forces loyalistes, épaulées par les supplétifs de la défense nationale, d'un côté, et les rebelles, dont le Front al-Nosra, de l'autre », a déclaré le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Trois groupes islamistes (Front al-Nosra, Sham al-Islam et Ansar al-Sham) ont lancé, mardi dernier, une campagne baptisée « Anfal » dans la province de Lattaquié, jusqu'alors relativement épargnée par les combats qui ravagent la Syrie. Cette province, majoritairement alaouite, la confession du président Bachar al-Assad, est considérée comme l'un des bastions du régime. Dix-sept hommes armés ont été tués et de nombreux autres blessés lors d'affrontements avec les troupes régulières, en tentant de contrôler un point de passage Kassab dans la province de Lattaquié. L'armée syrienne « a repris deux postes de police qui étaient tombés sous le contrôle de groupes infiltrés depuis la Turquie ». Hier encore, les combats ont gagné de nouveaux villages comme Kherbet Soulas, Beit Halabiyé et al-Malek. Fort de sa suprématie sur le terrain, le gouvernement a appelé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le Conseil de sécurité, pour « dénoncer cette attaque terroriste », accusant Ankara de protéger les rebelles. Autre triomphe, non moins important : la reprise, jeudi dernier, d'une célèbre citadelle croisée du centre du pays inscrite au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco. Lors d'une visite organisée pour la presse, un officier de l'armée syrienne a déclaré que 700 rebelles vivaient dans le château où des effets personnels abandonnés témoignent d'une vie quotidienne bien organisée. En juillet 2011, quelques mois après le début de la révolte, le fort est passé aux mains des rebelles. Les habitants sunnites de la ville d'al-Hosn, où est située la citadelle, s'en sont emparés, puis des insurgés, notamment libanais, sont venus leur prêter main forte. Outre les salafistes de Jund al-Cham, des jihadistes du Front al-Nosra s'y sont installés en grand nombre. Perchée en haut d'une colline, la citadelle fut construite en 1031 par les Abbassides mais c'est Tancrède, régent d'Antioche, qui s'en empara en 1110 et y installa une garnison franque, lors de la première croisade. En 1142, le château fut confié à l'ordre des Hospitaliers, et c'est de cette époque que date le nom de Krak des Chevaliers.