De nouvelles voies d'acheminement de la drogue viennent d'être identifiées et retracées par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale. Il s'agit de cinq principaux itinéraires adoptés par les narcotrafiquants : la voie de Carthage, allant de Remchi, dans la wilaya de Tlemcen, à El Tarf, la voie de Ghadamès (Maghnia vers Ouargla), la voie de Tripolitaine (Oran vers Illizi), celle de Fezzan (Naâma vers Illizi) et celle de Tibesti (Tlemcen vers Illizi). C'est la conclusion d'un rapport présenté, hier, lors d'une conférence de presse animée par le directeur de la sécurité publique (DSP) auprès du commandement de la GN, le colonel Mohamed-Tahar Benaâmane. Le rapport, intitulé « l'Algérie au cœur de la menace des narcotrafiquants », aborde les causes de l'augmentation du trafic de drogue, dont l'instabilité des pays du Sahel et de l'Afrique subsaharienne. L'officier supérieur a, également, évoqué « la forte culture » de cannabis dans les pays frontaliers. « Dans le Rif marocain, il existe 100.000 familles de cultivateurs de cannabis pour plus de 47.000 ha », a-t-il précisé. A cela s'ajoute la tolérance accrue de l'Europe envers les « consommateurs de cannabis ». En chiffres, en 2013, les différentes unités de la GN, notamment les GGF, ont saisi plus de 130 tonnes de kif traité, soit une augmentation de 24% par rapport à la même période de l'année 2012. En outre, 6.230 individus ont été interpellés pour trafic, consommation et culture de stupéfiants. Les enquêteurs de la GN ont démantelé 44 réseaux de trafic de drogue. Selon le même rapport, les wilayas les plus touchées sont Oran, Blida et Constantine. L'Algérie face à l'après-printemps arabe Le responsable de la GN a souligné que le haut commandement de ce corps de sécurité a pris des dispositions ces dernières années, notamment avec l'instabilité de la situation sécuritaire au niveau des frontières est et sud-est. Les unités opérationnelles ont redoublé de vigilance et de mobilisation. Résultat : des saisies record de kif traité estimées à 1,4 milliard de dollars en 4 ans. Les opérations menées par les GGF notamment ont permis l'arrestation de 114 étrangers de 14 nationalités. A leur tête, les Marocains suivis des Maliens. Les saisies ont été opérées à travers neuf wilayas dont les villes frontalières de Naâma, Tamanrasset et Tlemcen. S'agissant du trafic de drogue dure, les enquêtes de la GN ont fait ressortir que les voies d'acheminement ont changé après les attentats du 11 septembre suite au renforcement du contrôle aérien. « Les narcotrafiquants ont adopté un nouveau procédé de trafic de la cocaïne vers l'Afrique via des pistes clandestines au Sahel », souligne le rapport. Des psychotropes fabriqués par les laboratoires Roche Le colonel Mohamed-Tahar Benaâmane est revenu sur la saisie inédite en rip-off d'une quantité de 165,393 kg de cocaïne pure d'origine colombienne dans un container de marchandises au port d'Alger par les services de la GN. Les enquêteurs ont réussi à identifier les itinéraires d'acheminement de la cocaïne vers le port d'Alger, via la Nouvelle-Zélande et l'Italie à bord d'un navire. Cette quantité était destinée au Moyen-Orient. Durant les quatre dernières années, les unités de la GN ont saisi plus de 171 kg de cocaïne. Le DSP a également fait le point sur le trafic des psychotropes en Algérie. « 90% des comprimés saisis sont fabriqués par les laboratoires Roche et destinés exclusivement au marché français. » Ces filières utilisent des porteurs appelés « mules » qui acheminent les psychotropes en petites quantités à travers des vols commerciaux entre la France et l'Algérie. Les unités de la GN ont saisi en 4 ans un million de comprimés d'une valeur de 192 millions de dinars. Selon l'officier supérieur, 1,15% de la population algérienne âgée de 15 à 64 ans est consommatrice de drogue. « C'est le taux le plus faible au monde. La situation n'est pas alarmante », a-t-il estimé.