Le génocide du Rwanda en avril 1994 a « alourdi la tragique histoire de l'Afrique », a affirmé, hier, à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, affichant la solidarité de l'Algérie avec le peuple rwandais. « L'Afrique, qui a subi dans sa chair les affres cumulées de l'esclavage, du colonialisme et de l'apartheid, a vu sa tragique histoire alourdie par le (...) génocide du Rwanda en 1994 », a estimé M. Lamamra dans une allocution prononcée lors de la conférence internationale de prévention des génocides qui se tient à Bruxelles. En commémoration de ce triste événement qui a « émaillé l'histoire de l'humanité », l'Algérie s'associera, le 7 avril prochain, au peuple rwandais pour marquer le 20e anniversaire du génocide par « un hommage aux victimes et un acte de foi dans l'unité et l'avenir du peuple rwandais », a-t-il indiqué. Pour le chef de la diplomatie algérienne, la justice et la réconciliation nationale sont les clés d'un tel avenir lorsqu'elles projettent en synergie une volonté souveraine de transcender la conjoncture pour écrire l'Histoire, avec des enseignements bénéfiques pour tout le genre humain. M. Lamamra a, en outre, mis l'accent sur les efforts consentis par l'Union africaine (UA) à l'effet de prévenir et de lutter contre les atrocités de masse et les génocides. A cet effet, l'acte constitutif de l'UA comprend « l'innovation majeure » que constitue le principe de non-indifférence face à des situations de violation massive des droits de l'Homme et son corollaire qu'est la prise de mesures d'ordre militaire pour la prévention et la résolution de telles situations, a-t-il rappelé. L'Afrique a ainsi fait « œuvre pionnière en codifiant, avec la transparence et la rigueur nécessaires, la nature, la portée et les conditions de mise en œuvre de la notion de responsabilité de protéger, intégrant même les éléments d'une responsabilité lors de la protection », a souligné le ministre. La prévention des conflits et des crises, qui constituent le contexte principal des génocides, a-t-il poursuivi, est un autre volet de lutte contre ces atrocités à travers la détection et le traitement adéquat de ses causes qu'elles soient d'origine religieuse, ethnique, sociale ou de disparité de développement économique. Il s'agit, selon M. Lamamra, de s'employer activement à prévenir le conflit, d'entreprendre de le résoudre par la voie du dialogue et de la réconciliation nationale, par le renforcement et l'utilisation des voies et moyens qu'offre la justice, y compris la justice traditionnelle africaine et les autres formes de lutte contre l'impunité, qui est un objectif clé de l'UA. Le ministre a également mis l'accent sur la nécessité de lutter contre le sous-développement, le crime transnational organisé et le terrorisme, ainsi que contre toutes les indignités faites par l'homme à son prochain. Il a, d'autre part, rappelé la participation de l'Algérie au groupe international composé de personnalités de grande renommée chargées de conduire une enquête objective sur le génocide au Rwanda. La création de ce groupe a été décidée lors de la septième session ordinaire de l'Organe central du Mécanisme africain de prévention et de règlement des conflits, tenue à Addis-Abeba, en novembre 1997. « L'Algérie a fait partie de ce groupe, dont les travaux demeurent une excellente référence pour nous, pour les historiens et pour ceux qui ont à cœur la prévention du génocide en Afrique et dans le monde », a-t-il noté. Organisée à l'occasion de la commémoration du 20e anniversaire du génocide du Rwanda (1994) et en prévision de la prochaine commémoration du génocide de Srebrenica (Bosnie en 1995), la conférence internationale de prévention des génocides a vu la participation du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, ainsi que plus de 120 délégations des cinq continents.