« Le sort du processus de paix pourrait être une question de jours », a lancé devant ses ministres, dimanche dernier, Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien. « Quoi qu'il arrive, il n'y aura aucun accord tant qu'Israël ne saura pas clairement ce qu'il gagnera en échange. Et si accord il y a, il sera soumis au vote du cabinet pour approbation », dit-il. Moins de trois jours après, ce processus de paix qui n'a rien donné a quasiment explosé. John Kerry, qui devait se rendre hier à Ramallah, en Cisjordanie, pour sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes du naufrage, a annulé son voyage. Les raisons ? La direction palestinienne refuse le chantage d'Israël : une prolongation des négociations de paix au-delà de la date butoir du 29 avril en contrepartie d'un gel partiel de la colonisation. Mardi, elle a décidé de réagir aux deux actes du gouvernement de Netanyahu : un, nouvel appel d'offres pour la construction de plus de 708 logements à Gilo, dans Al Qods Est occupée, deux, le refus, comme convenu samedi dernier, de la libération de 26 détenus d'avant les accords d'Oslo. « Sans la moindre raison ou la moindre excuse », fait remarquer Yasser Abed Rabbo, un dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine. La direction a approuvé donc mardi après midi à l'unanimité la décision d'adhérer à 15 agences de l'ONU et traités internationaux, dont la 4e Convention de Genève sur la protection des civils. « On nous a promis à neuf reprises que le quatrième groupe de prisonniers serait libéré », rappelle Mahmoud Abbas, le président palestinien. « Le gouvernement israélien devait se réunir mardi après-midi pour approuver cette neuvième promesse. Il ne l'a pas fait ». Netanyahu qui veut gérer et non résoudre le conflit, s‘était engagé fin juillet auprès des Etats-Unis à libérer 104 prisonniers palestiniens sur les neufs prochains mois. En échange, Washington élargirait Jonathan Pollard, un espion israélien condamné à la perpétuité aux Etats-Unis. « Nous n'agissons pas contre les Etats-Unis, ni contre aucune autre partie, bien que ce soit notre droit et que nous ayons accepté d'en reporter l'utilisation pendant neuf mois », explique Abbas assurant de sa « détermination à parvenir à un règlement par les négociations » avec Israël. D'où, cette fenêtre ouverte aux Israéliens. La direction palestinienne n'a pas demandé l'adhésion à la Cour pénale internationale. Nabil Abou Roudeina, un conseiller du président palestinien, qui fait porter au gouvernement israélien l'entière responsabilité de l'échec de la mission du secrétaire d'Etat Kerry, met du bémol dans son discours. Il laisse entendre que les demandes d'adhésion ne seront pas soumises « si Israël procède à la libération immédiate des 26 prisonniers et aux 420 détenus en fin de peine qui n'ont pas de sang sur les mains ». « Nous espérons que M. Kerry reprendra ses efforts dans les prochains jours. Nous ne voulons pas que ces efforts prennent fin », déclare Abed Rabbo. Et d'ajouter : « Nous voulons la poursuite du processus politique. Mais nous voulons un véritable processus politique, sans coups bas ». Kerry qui porte à bout de bras depuis neuf mois le processus de paix demande aux Israéliens et Palestiniens qui s'arc-boutent sur leurs positions, les premiers réclament la reconnaissance d'Israël comme Etat juif, les seconds demandant entre autres un gel total de la colonisation qu'Israël poursuit malgré les condamnations internationales. « Si les dirigeants palestiniens défient Israël devant les instances de l'ONU, ils le paieront cher », prévient Uzi Landau, du parti ultranationaliste Israël Beiteinou. Parmi ces mesures, il cite l'application par Israël de sa souveraineté sur des zones de Cisjordanie occupée où sont implantés des colons juifs, le blocage des aides financières, etc. Les Etats-Unis qui ont perdu beaucoup en crédibilité dans le monde arabe et musulman après l'Irak, l'Afghanistan jouent gros dans ce « processus de paix » qui éloigne chaque jour davantage la possibilité d'un Etat palestinien viable. Est-ce un hasard, si Mahmoud Abbas a demandé mardi à la Russie qui soutient l'application du principe « deux Etats pour deux peuples » de jouer un rôle plus important dans le processus de paix qui est actuellement dans l'impasse ? La Ligue arabe qui a apporté son soutien la semaine passé aux Palestiniens et réaffirmé son refus de reconnaître la judéité de l'Etat d'Israël, a convoqué ne réunion pour la semaine prochaine.