L'Autorité palestinienne a condamné hier la décision d'Israël d'accélérer la colonisation en contrepartie de libération d'un nouveau contingent de 26 détenus palestiniens dans le cadre des négociations de paix en cours sous l'égide des Etats-Unis. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de l'Intérieur Gidéon Saar ont donné leur aval à quatre plans de construction à Jérusalem-Est occupée, a affirmé hier un haut responsable gouvernemental israélien. Ces quatre plans concernent le quartier de colonisation de Ramat Shlomo, où seront construits 1500 nouveaux logements et accordé des permis d'agrandissement à des habitations existantes dans cette même implantation, ainsi que deux projets de développement à Jérusalem-Est: un centre touristique et archéologique juste à l'extérieur des remparts de la Vieille ville et un parc national sur les pentes du mont Scopus. Dans un communiqué, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné cette décision, estimant qu'elle «détruit le processus de paix et est un message à la communauté internationale qu'Israël est un pays qui ne respecte pas le droit international». M. Abbas a réaffirmé dans un communiqué publié par l'agence officielle palestinienne WAFA que «toutes les activités de colonisation sont illégales». La décision du gouvernement israélien a été annoncée juste après la libération par Israël de 26 détenus palestiniens de longue date, 21 originaires de Cisjordanie et 5 de la bande de Ghaza, dans la nuit de mardi à mercredi. Elle était attendue, les médias israéliens ayant déjà révélé que M. Netanyahu accompagnerait la libération des prisonniers d'une autorisation de construction de centaines de logements dans les colonies pour amadouer les durs de sa majorité. Les dirigeants palestiniens ont depuis véhémentement nié avoir accepté la construction de nouveaux logements dans les colonies juives en échange de la libération des prisonniers. «Créer un lien entre la libération d'un nouveau groupe de prisonniers et l'annonce de milliers de logements dans les colonies va à l'encontre de tous les engagements pris avant les négociations», a déclaré le négociateur Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Les Palestiniens affirment que la poursuite de la colonisation, condamnée par la communauté internationale et qui a déjà causé l'interruption des précédents pourparlers en septembre 2010, «détruit le processus de paix». Un processus remis sur rail cet été après près de trois années de gel. A ce propos, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a imposé un black out médiatique sur les pourparlers de paix auxquels il a ramené les deux parties fin juillet, a affirmé le 21 octobre à Paris que les négociations s'intensifiaient, faisant état de 13 rencontres. Mais le négociateur Yasser Abed Rabbo a déclaré mardi que les pourparlers n'avaient «pas fait de progrès tangible», en déplorant que «l'actuelle position de négociation israélienne soit la pire depuis plus de 20 ans».