Avec cette option, une possible révision du principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Khartoum suggère aux habitants du Darfour d'accepter sa stratégie de sortie de crise en cinq points (sécurité, réinstallation des personnes déplacées internes, un plan de développement sur 4 ans de 2 milliards de dollars, poursuite des négociations politiques et réconciliation nationale) et aux Occidentaux de cesser de leurs «ingérences politiques patentes». Ali Osman Mohamed Taha, le vice-président du Soudan, n'a pas manqué de dénoncer devant le Conseil de sécurité «la politisation et la sélectivité» qui prédominent à la Cour pénale internationale (CPI) un instrument, dit-il qui « brise la volonté des peuples et cherche à leur imposer ses choix». Décodé, le Conseil de sécurité est prié de «retirer» ce dossier du Darfour à la CPI qui a délivré, le 4 mars 2009 et le 12 juillet 2010, pour deux mandats d'arrêt contre le Président Omar Al-Bachir pour «crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide» et de le renvoyer au système judiciaire de son pays, «conformément» au droit international et au droit soudanais. «L'implication de la CPI est une menace pour le règlement pacifique qu'attend le pays au Darfour», dit-il. Le numéro deux du plus vaste pays d'Afrique qui a déploré l'absence de toute main tendue des Occidentaux après la signature de l'Accord de paix global (CPA) en 2005, en annulant par exemple la dette extérieure du Soudan ( 35 milliards de dollars en 2009) pour appuyer ce processus de paix, suggère aux Soudanais du Sud, - tout en s'engageant à respecter les résultats du référendum qui sera organisé le 9 janvier prochain sous certaines conditions, dans une atmosphère d'intégrité et de transparence-, d'opter pour le rattachement au Nord. Le Parti du Congrès national soudanais (NCP, au pouvoir), a révélé hier par la voix de son secrétaire à la mobilisation politique, Haj Majid Suwar, cinq de ces conditions : consécration par le mouvement populaire de la libération du Soudan (SPLM), principal partenaire du CPA, des libertés politiques pour tous les partis au Sud-Soudan, soutien de ce mouvement à l'unité du pays, conformément au CPA où ils se sont donnés six ans, le temps de «faire de l'unité une option attirante» pour les quelque 10 millions de Sud-Soudanais, retrait par le SPLM de ses troupes des régions du Nord-Soudan et leur redéploiement selon le protocole de sécurité contenu dans le CPA. Des conditions qui pourraient annuler ce scrutin et celui prévu le même jour pour déterminer si Abyei, une région riche en pétrole, restera sous l'autorité de Khartoum ou rejoindra le Sud-Soudan mais pas l'indépendance de Juba. Et avec cette option, une possible révision du principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation.