Le sommet spécial de l'UA dédié au règlement des conflits qui agitent encore le continent noir s'est clôturé lundi soir à Tripoli avec la volonté affichée par la trentaine de chefs d'Etat et de Gouvernement, qui y ont pris part, de «mettre un terme définitif aux fléaux des conflits et de la violence ». A l'ouverture du sommet, le colonel Kadhafi avait accusé Israël «d'être derrière tous les conflits en Afrique», appelant à la fermeture de toutes les ambassades israéliennes sur le continent. A l'issue d'une réunion d'une seule journée sous une tente géante dressée près du port de Tripoli, ils se sont engagés à «mobiliser tous les moyens et ressources humaines nécessaires et à saisir toutes les opportunités pour promouvoir et faire progresser l'agenda de prévention des conflits, de rétablissement et de maintien de la paix, ainsi que la reconstruction post-conflit». Dans la déclaration de Tripoli adoptée à la fin des travaux, s'est affichée la détermination à «redoubler d'efforts» pour «s'attaquer, de manière globale et systématique, aux causes profondes des conflits, y compris à travers la mise en œuvre des instruments existants dans les domaines des droits de l'homme, de l'Etat de droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance, du contrôle des armes, ainsi que du bon voisinage». Par ailleurs, les chefs d'Etat et de Gouvernement expriment leur «préoccupation « face à la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement, ce qui constitue, a-t-on souligné, «un sérieux revers» dans le processus de démocratisation. Ils ont également dénoncé la tendance émergente de conflits et de violence liés aux élections, les menaces posées par le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la criminalité transnationale organisée et la piraterie, ainsi que la persistance des conflits et des différends frontaliers. Sur la lutte contre le terrorisme, les actions projetées consisteraient à faire tarir les sources de financement, notamment celles qui proviennent du versement de rançons suite aux prises d'otages et ce, conformément à la décision prise lors du dernier sommet de Syrte. Ils ont, d'autre part, affirmé leur appui à tous les efforts de paix en cours sur le continent et exhorté toutes les parties concernées à ne ménager aucun effort pour mettre fin aux conflits dans lesquels elles sont impliquées et à œuvrer en faveur d'une paix durable. L'Union africaine a affirmé son appui aux efforts en cours de l'ONU pour surmonter l'impasse actuelle dans laquelle se trouve le conflit du Sahara occidental. CONFLIT SAHRAOUI : APPUI AUX DÉMARCHES DE L'ONU Sur ce dossier, un appui est apporté aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui appellent à des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc sans conditions préalables, en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable devant permettre l'autodétermination du peuple sahraoui Dans son rapport présenté, le président de la Commission de l'UA, M. Jean Ping a indiqué que le conflit est «toujours dans l'impasse», en raison, a-t-il expliqué, de la «polarisation des positions des parties et, plus récemment, du fait de l'insistance du Maroc que sa proposition d'autonomie est la seule base de négociations, bien que le Conseil de sécurité de l'ONU ait pris note des propositions respectives des deux parties, telles que soumises en avril 2007». M. Ping qualifie d'«encourageante» la dernière rencontre en Autriche et plaidé pour «l'accélération du processus de recherche d'un règlement définitif de ce conflit qui dure depuis des décennies au détriment non seulement du peuple sahraoui, mais aussi de la coopération régionale si nécessaire dans le Maghreb». DARFOUR : LA MAIN ÉTRANGÈRE Selon des sources du sommet, cette session devait s'atteler sur la mise en œuvre des décisions prises par les dirigeants de l'UA lors des précédentes réunions sur le Darfour en vue d'optimiser l'action africaine commune. Par ailleurs, la même source a fait part de la «volonté» de toutes les parties africaines de rétablir la paix au Darfour avant les élections générales au Soudan prévues en avril 2010. Parmi les recommandations soumises sur le Darfour, figure le règlement du dossier politique relative à la crise dans le cadre des négociations de Doha en invitant toutes les parties concernées à une participation dans ces négociation pour le rétablissement de la paix et de la sécurité au Soudan. Un appel a été lancé à toutes les forces régionales et la communauté internationale pour apporter l'aide nécessaire à la réalisation de cet objectif. Concernant les relations entre le Soudan et le Tchad, les dirigeants africains ont appelé à la normalisation des relations entre les deux pays et établir une coopération en faveur de la stabilité régionale La question du Darfour doit être réglée dans son contexte africain, a souligné le conseiller du président soudanais, M. Mustapha Othmane Ismaïl. Dans une déclaration, il a pointé du doigt «des parties étrangères» dans «l'instrumentalisation» de la question, et indiqué que cette rencontre devait mettre au point «les mécanismes et approches» à même de traiter les conflits dans le continent dans leur cadre africain. Concernant le développement de la position internationale vis-à-vis de la question du Darfour, le conseiller s'est dit optimiste quant à la résolution «de cette question dans les plus brefs délais» notamment, a-t-il dit, avec le changement de la position américaine avec l'arrivée du président Barack Obama. AIDER LA SOMALIE Le sommet s'est clôturé aussi par un plan d'action qui appelle les pays membres ayant promis des contributions en troupes à la force africaine de paix en Somalie à honorer «rapidement» leurs promesses et «de fournir le soutien nécessaire à l'Amisom et au gouvernement somalien de transition (TFG), y compris en ressources financières, en effectifs, équipements et formation». 5.000 hommes sur les 8.000 initialement prévus sécurisent déjà la présidence, le port et l'aéroport de Mogadiscio. Le sommet a appelé à la tenue d'un congrès international pour discuter une résolution internationale au sujet du piratage en Somalie.