Parmi les conférenciers, le professeur M'hand Berkouk, le directeur de l'Ecole, le Dr Saïd Ayachi, le président du CNASPS, Souilah Boudjemaâ, un spécialiste du droit international, le professeur Smaïl Debèche, président de l'association d'amitié sino-algérienne et ami de la cause sahraouie, et Brahim Ghali, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie. Cette journée d'étude, qui s'est déclinée sous trois angles : politique, juridique et prospectif, s'inscrit dans la perspective de la réunion que compte organiser demain, le Conseil de sécurité sur le Sahara occidental. Notamment à la lumière du rapport que Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, lui a présenté le 10 avril dernier. Tous les intervenants ont salué ce rapport « pas comme les précédents ». Ban Ki-moon a, en effet, fait cas de l'inscription du territoire sahraoui depuis 1963 parmi les pays colonisés, condamné l'exploitation des richesses sahraouies par la puissance occupante sans que leurs « propriétaires » légitimes n'en profitent, élargissement des missions de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) à la surveillance les droits de l'homme comme les 23 autres missions onusiennes dans le monde et tenue, comme le stipule l'intitulé de la Minurso, d'un référendum d'autodétermination, « avant avril 2015 », précise le patron de l'ONU qui n'exclut pas de revoir sa démarche si d'ici là les deux parties n'avancent pas dans leurs négociations « sans préalables ». Une éventualité que beaucoup excluent pour l'heure. Brahim Ghali, qui condamne la recrudescence de la répression marocaine dans les territoires occupés et les villes qui accueillent les étudiants sahraouis, regrette le « recul » américain sur la question. « Le projet qu'ils ont soumis cette année aux Quinze ne mentionne pas la nécessité d'un élargissement des missions de la Minurso aux droits de l'homme comme celui de l'an passé et les ‘amis du Sahara' ont revu le rapport du SG de l'ONU », dit-il. Souilah Souilah Boudjemaâ, qui a expliqué pourquoi Ban Ki-moon a donné aux deux parties un délai d'un an — il a voulu restaurer le climat créé en 1962 aux Nations unies quand la communauté internationale s'est donné un an pour en finir avec le colonialisme, d'où la création en 1963 de la quatrième commission pour traiter la décolonisation— est formel : « Toutes les données juridiques plaident pour la cause des Sahraouis ». Il demande au Conseil de sécurité de réaliser, pendant qu'il est temps, que cette question est « déterminante pour la stabilité et la sécurité dans la région ». « Le statu quo ne pourra pas tenir longtemps », dit-il. « Pas seulement parce que la majorité des Sahraouis est née après 1975 ou même 1991, date du cessez-le-feu, mais parce que le Maroc ne pourra pas faire face à l'opinion publique internationale, entretenir indéfiniment ses 160.000 soldats, soit un soldat par habitant, dans les territoires occupés, pour surveiller les 2.400 km du mur de la honte et consacrer des millions de dollars pour « vendre » sa proposition d'autonomie à New York, Washington et Paris. Le Conseil de sécurité doit recourir tôt ou tard au Chapitre VII pour régler cette question du Sahara », estime Debèche, convaincu, comme le reste des conférenciers et l'assistance, que le référendum est « inéluctable ». « Tôt ou tard, le makhzen, qui gère 72% du commerce du chanvre indien et qui manœuvre dans le Sahel avec le Mujao, aura à répondre devant son peuple et le reste du monde », dira le diplomate sahraoui.