Le rapport que compte présenter jeudi prochain au conseil de sécurité le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est important à plus d'un titre car il rappelle avec insistance plusieurs points occultés par le Maroc. Parmi ceux-ci, estime Mohamed Salem Ould Essalek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, l'inscription du Sahara occidental sur la liste des territoires non autonomes depuis 1963 et la réaffirmation de la responsabilité et de l'implication pleine et entière de l'ONU jusqu'à ce que le statut final de la dernière colonie en Afrique soit défini à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Autre point important : la confirmation de Ban sur la nécessité d'une « surveillance durable, indépendante et impartiale des droits de l'homme » au Sahara occidental. « C'est une réponse claire aux violations flagrantes commises par l'Etat d'occupation marocain contre les civils sahraouis », explique Ould Essalek. Dans son rapport, le patron des Nations unies, qui « dévoile le véritable visage de la politique marocaine », parle aussi des ressources naturelles du Sahara occidental exploitées illégalement par le Maroc. Last but not least, l'appel de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité à assumer sa responsabilité dans le cas où aucun progrès n'aura été réalisé avant avril 2015. Pour le ministre sahraoui, cet appel ne signifie qu'une chose : « la patience de l'ONU est épuisée à cause de l'intransigeance du Maroc ». « Seule l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental dans les plus brefs délais peut mettre un terme à ce conflit et garantir la paix et la stabilité dans la région », souligne le ministre sahraoui qui espère voir le Conseil de sécurité permettre lors de sa réunion fin avril l'élargissement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental) à la surveillance des droits de l'Homme. « C'est une urgence, dit-il, car cet élargissement est étroitement lié à la responsabilité des Nations unies d'une part et sa crédibilité d'autre part ». Des organisations scandinaves (Danemark, Finlande, Norvège et Suède) appellent aussi à l'élargissement du mandat de la Minurso. Dans une lettre adressée à la présidente pour ce mois du Conseil de sécurité, la Nigériane Joy Ogwu, ces organisations mettent en exergue, comme Human Rights Watch, Amnesty international, la situation « difficile » des droits de l'Homme au Sahara occidental. Ban Ki-moon souligne dans son dernier rapport, indiquent-elles, l'urgence de créer une commission indépendante, impartiale et durable surveillance de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. Déplorant « le harcèlement, la violence l'abus et la discrimination commis par les autorités marocaines contre les civils sahraouis », elles dénoncent les jugements « arbitraires » des tribunaux militaires prononcées à l'encontre d'activistes sahraouis. Les signataires de cette lettre appellent à un dialogue direct entre les deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario) pour aboutir à un règlement de la question sahraouie « conformément à la Charte des Nations unies ». Des progrès avant avril 2015 ou... A l'approche de deux réunions du Conseil de sécurité, la première, jeudi prochain, verra l'intervention de Christopher Ross et de Wolfgang Weisbrod-Weber et la seconde, à la fin du mois pour la prorogation d'un an du mandat de la Minurso, Ban Ki-moon a rendu public son rapport jeudi dernier. Dans ce dernier, il a invité le Maroc et le Front Polisario « à reconnaître la nécessité de faire des progrès urgents et à s'engager sérieusement » sur « le contenu d'une solution politique et la forme de l'autodétermination » conformément aux orientations du Conseil de sécurité. S'il n'y a pas de progrès d'ici avril 2015, une révision totale du processus des négociations fourni en avril 2007 par le Conseil de sécurité » au Front Polisario et au Maroc, et ce, en application de la résolution 1754, s'imposera, prévient Ban. Cela signifie, explique Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU, que « le chef de l'ONU ferait assumer au Conseil de sécurité une lourde responsabilité, et ce, soit pour aller de l'avant et résoudre définitivement le dossier sahraoui, soit jeter l'éponge et ouvrir, par conséquent, les portes vers l'inconnu dans une région qui a besoin de paix, de stabilité et de certitude pour son avenir ». Dans la perspective de ces deux réunions du Conseil de sécurité, Mme Aminatou Haidar a été reçue mardi à New York par Mme Joy Ogwu. Au menu : les droits de l'homme. A Ndjamena, Kalzeubé Pahimi Deubet le Premier ministre du Tchad, un pays qui siège au Conseil de sécurité, comme membre non-permanent pour la période 2014-2015, a reçu Mhamed Khadad, le coordinateur avec la Minurso.