L'Afrique du Sud a fêté, hier, les 20 ans de la première élection multiraciale qui a sonné le glas du régime d'apartheid. La grande fête a commencé dans un climat de communion nationale pour bénir le « Freedom Day ». Des prières, des discours et une golden party présidentielle aux 4 coins du pays. Le changement pacifique qui a couronné le long et dur combat de Mandela et de l'ANC est une grande victoire du camp de la paix, de la liberté et du progrès sur les tenants de la discrimination raciale, de la répression et du chaos portés à bout de bras par l'Occident qui se présente aujourd'hui en champion de la démocratie et des droits humanitaires. A l'heure du projet de destruction et de démembrement du monde arabe, l'exception algérienne vaut également pour la solidarité active de La « Mecque des révolutionnaires » si accueillante pour le jeune combattant Mandela, effectuant, en 1960, sa première formation militaire au sein de l'Armée de libération nationale, et consacrant, 34 ans plus tard (mai 1994), à sa « seconde patrie », sa première visite officielle en tant que président fraîchement élu. Cette relation particulière et fraternelle a commandé, en novembre 1974, l'exclusion du régime de Pick Botha de l'ONU et de tous ses organes, lors de l'assemblée générale des Nations unis présidée par le jeune ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika. Elle scelle le destin commun inscrit dans le rêve d'une Afrique « forte et unie » porteuse du Nepad de la renaissance du continent noir. C'est donc, en ce jour I de l'an I de la démocratie sud-africaine que, le point levé et armé d'un bulletin de vote, le père fondateur de la nouvelle nation « arc-en-ciel » a validé « l'aube de la liberté » pour rompre à jamais les chaînes de l'Etat paria et jeter les bases d'une société multiraciale réconciliée et en « paix avec son passé, dans un esprit d'ouverture et de pardon », plaidée par Nelson Mandela, lors de la première rentrée parlementaire. La commission Vérité et Justice a définitivement tourné la page noire de l'apartheid submergé par les attentes d'un peuple rêvant d'une « vie meilleure pour tous ». Promesses tenues. Le doublement du PIB, le recul de la pauvreté et, en général, l'amélioration des conditions de vie peuvent l'attester. Mais la persistance des inégalités sociales, en particulier pour les communautés des Métis et des Noirs, le délitement du système de santé, et le déficit en enseignant de qualité et d'une police fiable illustrent le désenchantement exprimé par le vieux compagnon, l'archevêque Desmond Tutu, et de nombreux ministres de Mandela, appelant au boycott des législatives du 7 mai.