Obama veut rééquilibrer et ressouder les alliances en Asie où il effectue une tournée de 7 jours qui l'a mené successivement au Japon, en Corée du Sud, en Malaisie et aux Philippines. Ce basculement stratégique, annoncé en 2011, est considéré comme « une priorité centrale » pour contenir le géant chinois, naturellement exclu de l'agenda, et son puissant voisin russe en proie aux turbulences ukrainiennes qui doivent conclure, en mai, à Pékin, un important accord de livraison de gaz, lors de la visite de Poutine. C'est vers le marché juteux asiatique, voué aux destinées du « partenariat transpacifique » (TPP) instituant une zone de libre-échange, que le président américain consacre toute son énergie pour sortir du guêpier moyen-oriental fort coûteux et prendre ses distances avec une Europe en crise. « L'Amérique a des responsabilités dans le monde entier et nous sommes heureux d'assumer ces responsabilités. Nous poursuivrons le rééquilibrage vers cette partie importante du monde », a-t-il déclaré à Kuala Lumpur (Malaisie). « Les Etats-Unis sont aux côtés de leurs alliés, dans les bons et les mauvais moments », a affirmé Obama aux journalistes. Dans ce continent au fort potentiel de croissance, l'Amérique ambitionne de faire de l'Asie le « pivot mondial » de sa diplomatie pour restaurer sa crédibilité mise à mal par son impuissance dans la crise de Crimée et de l'Ukraine. Si le Japon (47.000 soldats américains stationnés), reste la clef de voûte de la stratégie américaine en Asie, Obama travaille également à conforter les bases de l'alliance tripartite, en œuvrant à la réconciliation entre le Japon et la Corée du Sud minés par des différents territoriaux et historiques. Dans un contexte de tensions régionales explosives, la tournée d'Obama prône un engagement aves ses alliés qui ont la particularité d'être confrontés à une bataille de souveraineté engagée par la Chine sur les îles en mer de Chine du Sud et Orientale, notamment avec le Japon (les îles litigieuses de Senkaku, Diaoyu en chinois), la Malaisie et les Philippines (le cas de l'atoll Scarborough situé à 220 km au large de la principale île philippine). A la veille de la visite d'Obama au Japon, le 23 avril, la Chine a procédé à la confiscation du navire japonais Baosteel-Emotion, en exécution d'un jugement d'une cour de Shanghaï qui, en 2007, avait condamné la compagnie japonaise à 21 millions de yens (148.500 euros) de dommages et intérêts pour un litige remontant à l'avant-guerre. Au message de fermeté de Pékin, la riposte américaine traduit une volonté de rassurer ses alliés asiatiques. « L'article 5 du traité de défense bilatéral Etats-Unis-Japon couvre tous les territoires sous administration japonaise, y compris les îles Senkaku », a insisté le président américain. Mais, il est également revendiqué, de Kuala Lumpur, le principe de la « liberté de navigation sur des voies navigables cruciales » et le « respect des mêmes règles » pour tous. Dans le calendrier régional d'Obama, la visite de deux grands pays musulmans vise à approfondir et à enrichir une alliance porteuse des espoirs et des aspirations similaires. « Nous pouvons puiser notre force, dans chacun de nos deux pays, dans notre diversité ethnique et religieuse », a déclaré le président américain, en Malaisie. Une alliance confortée par le nouvel accord de défense, conclu avec les Philippines où les dernières bases ont été fermées en 1992 et permettant une présence militaire américaine accrue dans l'archipel, et l'adhésion de la Malaisie au TPP (12 pays) boudé par le Japon aussi. En guerre contre « l'Etat paria » nord-coréen, l'ombre de la menace nucléaire a plombé l'arrivée d'Obama à Séoul, promettant une « réponse ferme » à un éventuel quatrième test et appelant la Chine à dissuader Pyongyang de poursuivre son programme nucléaire. L'Amérique réussira-t-elle, dans cette zone hautement stratégique, à imposer la « direction américaine en Asie-pacifique » ?