Le vice-président américain, Joe Biden, en conférence de presse avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe Le vice-président US, Joe Biden, a réaffirmé hier à Tokyo la force de l'alliance USA-Japon, mais s'est aussi employé à jouer les «démineurs» dans la crise qui s'envenime entre le Japon et la Chine où il est attendu aujourd'hui. L'exercice est pour le moins délicat au moment où les Etats-Unis recentrent leur diplomatie sur l'Asie: Washington doit donner des gages sans faille de son soutien politique et militaire au Japon, son principal allié régional, sans pour autant froisser la puissante Chine avec laquelle les USA ont de gros intérêts politiques mais aussi économiques et financiers. Après l'étape au Japon, le numéro deux américain est attendu aujourd'hui à Pékin, puis en Corée du sud, l'autre fidèle allié des Etats-Unis dans la région. «Nous resterons inébranlables dans notre engagement d'alliance» avec le Japon, a déclaré Joe Biden aux côtés du Premier ministre japonais Shinzo Abe avec lequel il venait de s'entretenir. Avant d'arriver au Japon, que Washington considère comme le socle de sa stratégie asiatique dite du «pivot» et où sont maintenus près de 50.000 soldats américains, Joe Biden avait déjà déclaré les Etats-Unis «profondément préoccupés» par la «zone d'identification aérienne» décrétée le 23 novembre par Pékin au-dessus de la mer de Chine orientale, décision qui a ravivé la crainte d'un incident armé. M.Biden a indiqué qu'il entendait «exprimer ces préoccupations de façon très spécifique et directement» avec la direction chinoise demain. Le vice-président américain a également insisté sur «la nécessité de mécanismes de gestion de crise et de canaux de communication efficaces entre la Chine et le Japon pour réduire le risque d'escalade». Les tensions régionales, essentiellement entre Pékin et Tokyo, ont sensiblement monté depuis l'instauration unilatérale de cette ZAI par la Chine, d'autant qu'elle chevauche celle du Japon et surtout englobe des îlots japonais, les Senkaku, revendiqués par Pékin sous le nom de Diaoyu. Techniquement, Pékin exige de tout appareil étranger de communiquer son plan de vol et de s'identifier. Outre le Japon, qui campe sur une ligne de fermeté absolue, la Corée du sud et Taiwan ont prévenu qu'elles n'entendaient pas obtempérer. Tokyo et Séoul y ont envoyé des avions de combat sans en informer les Chinois. Washington a pour sa part adressé un signal très clair à Pékin en envoyant la semaine dernière deux bombardiers B-52 non armés traverser la zone. Pékin n'a toutefois pas ouvertement protesté, se contentant d'affirmer qu'il avait suivi ce vol de bout en bout, préférant concentrer ses attaques verbales sur le Japon voisin. De son côté M. Abe, soulignant la «forte alliance Japon-USA», a répété que le Japon ne pouvait «tolérer la tentative de la Chine de modifier le statu quo (concernant les îles contestées) de façon unilatérale et par la force». Il a par ailleurs averti qu' «aucune action menaçant la sécurité des avions civils» dans cette zone «ne sera pardonnée». «Le Japon et les Etats-Unis partagent le point de vue que la ZAI (chinoise) est inacceptable», avait affirmé plus tôt dans la journée le porte-parole du gouvernement japonais Yoshihide Suga. Avant de rencontrer M.Abe et de dîner avec lui, M.Biden s'était entretenu avec le vice-Premier ministre Taro Aso, et avait été reçu en audience par le Prince héritier Naruhito. Concernant le dossier du TPP, cet ambitieux accord de libre-échange trans-Pacifique, Joe Biden a demandé au Japon de faire plus d'efforts pour ouvrir son marché automobile et agricole, deux points sensibles pour l'archipel. Le TPP concerne 12 nations dont le Japon et les Etats-Unis, mais pas la Chine, et représente 40% de la production de richesse mondiale. Les Etats-Unis, qui mènent les discussions, veulent arracher un accord d'ici à la fin de cette année pour ce partenariat de libre-échange trans-Pacifique. Des milliers d'agriculteurs nippons ont profité de la visite du vice-président américain pour manifester dans les rues de Tokyo leur opposition à la volonté du gouvernement japonais de prendre part à cet accord TPP.