Les « quinze » ont adopté, mardi dernier, une résolution. Celle-ci réitère l'appel de l'Onu à une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental et se prononce clairement contre la situation de statu quo actuel ». Comme les précédentes résolutions, la 2152 invite les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc) à poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l'ONU, « sans condition préalable et de bonne foi » sur deux points clefs : une solution « politique juste, durable et mutuellement acceptable » et la forme de l'autodétermination. Le Front Polisario, qui a pris note de l'adoption de cette résolution qui proroge le mandat de la Minurso(Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental), déclare qu'il « partage l'évaluation et les recommandations du secrétaire général de l'ONU contenues dans son rapport rendu public le 10 avril dernier », dont la nécessité pour l'ONU de rester pleinement engagée jusqu'à ce que le statut juridique définitif des territoires sahraouis occupés par le Maroc soit déterminé. Autrement dit, explique Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU, le Conseil de sécurité estime « incontournable » l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui inclura l'adoption de l'indépendance, conformément aux résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU 1514 (XV) et 1541 (XV) et l'application intégrale du plan approuvé par l'Onu en 1991. Selon le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, cette résolution « traduit l'exaspération de la communauté internationale face à l'intransigeance des autorités marocaines ». « Il est temps pour l'ONU d'assumer ses responsabilités et de mettre un terme au plus vite à cette occupation qui va à l'encontre de sa charte et ses résolutions », dit-il, si elle ne veut pas que « les Sahraouis prennent des positions radicales ». « Cette résolution est un avertissement pour le Maroc pour progresser sérieusement dans le dialogue », a déclaré Abdelkader Taleb Omar, le Premier ministre sahraoui, considérant celle-ci comme « une nouvelle manière de procéder » de l'ONU. « Au lieu de charger la Minurso de surveiller les droits de l'Homme, il a été demandé la mise en place d'autres mécanismes qui aboutissent au même résultat », dit-il. En appelant les deux parties à œuvrer au plein respect des droits de l'Homme et la liberté d'expression et de rassemblement, cette résolution vise, indique-t-il, le « régime marocain qui empêche des associations de se rassembler ou de s'exprimer librement ». Le vote de l'ONU à peine connu, plusieurs membres du Congrès américain sont montés au créneau. Ils demandent au département de John Kerry de tout faire pour permettre à la Minurso d'accomplir le but de sa création : l'organisation d'un référendum. Affichant leur « ferme soutien » à la Minurso et convaincus que « le statu quo ne peut plus continuer », les congressmen estiment que la non-tenue du référendum porte atteinte à la primauté du droit et à toutes les résolutions de l'ONU qui reconnaissent le droit des Sahraouis à l'autodétermination. « Les efforts que pourrait déployer l'Administration pour la mise en œuvre du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui permettraient non seulement d'être bénéfiques au peuple sahraoui mais aussi de renforcer la stabilité dans le Maghreb et de démontrer le soutien des Etats-Unis aux droits de l'Homme, à l'autodétermination et à la démocratie dans le monde musulman », écrivent les membres du Congrès. Les pays du pourtour de la Méditerranée estiment, eux aussi, que la question du Sahara occidental pourrait être « préjudiciable pour la paix en Méditerranée et au Maghreb ». Des experts, chercheurs et professeurs émérites se sont réunis à l'Université américaine du Caire pour animer un atelier et y débattre de la politique d'intégration régionale et analyser ce conflit et son impact sur la paix et la stabilité dans la Méditerranée. Une solution en perspective ? Ban Ki-moon et Christopher Ross y croient. « S'il n'y a aucun progrès avant avril 2015, prévient le chef de l'onu, le moment sera venu d'inviter les membres du Conseil de sécurité à examiner entièrement le cadre qu'il a fixé en avril 2007 pour le processus de négociations ».