Selon l'économiste Mohamed Bouchakour, la tripartite (gouvernement-patronat-syndicat) est un cadre où sont exposées des revendications conjoncturelles. « Le traitement des questions de fond se limite à de simples discussions sans aucune décision ou mesure concrète », affirme-t-il. Les résultats de ces rencontres ne sont pas élaborés et leur impact est faible. Les grandes décisions qui y débouchent ne se traduisent pas sur le terrain. De ce fait, Bouchakour met en garde contre l'absence de dialogue public-privé qui se traduit généralement par « la congestion des grands choix, le renoncement à une expertise importante et à une connaissance des réalités économiques et à l'absence de visibilité chez les entreprises ». Le thème a suscité l'intérêt de l'assistance. Les acteurs de la sphère économique, les experts et les universitaires se sont interrogés sur l'existence d'un arsenal juridique régissant ce dialogue, le degré d'implication de l'université, la représentativité des concernés dans la tripartite, les dysfonctionnements constatés entre le discours et la réalité. Le conférencier a souligné l'existence d'un arsenal juridique et des conditions d'un dialogue social, précisant que le problème se situe dans l'application des textes de loi. « L'arsenal existant est irréprochable dans la mesure où les lois du pays évoquent l'implication de tous les acteurs de la société dans ce dialogue et de l'existence de conseils de consultation. Mais c'est la mise en application qui pose problème », relève-t-il. L'échec du dialogue social est dû, selon l'expert, à « l'importance de l'écart entre les visions de chaque acteur sur la rencontre et sur l'autre surtout », d'où « la nécessité de se mettre autour d'une table pour redéfinir les préalables et les indicateurs du dialogue », suggère-t-il. Selon lui, la volonté politique pour « asseoir un véritable dialogue public-privé » existe, mais reste à définir « le savoir et le pouvoir » puisqu'« il y a un problème de capacité institutionnelle à traduire cette volonté politique en des actions concrètes ». A propos de la représentativité de chaque partie dans cette rencontre, Bouchakour propose « la mise en place d'une cartographie des PME pour faire émerger les véritables représentants du patronat ». Les participants ont également dénoncé « l'exclusion de l'université et des universitaires » de toute concertation ou prise de décision importante « dans n'importe quel secteur ». Le nouveau dialogue social (Algérie 2025), prôné par le gouvernement, ne peut réussir qu'« à travers la mise en place d'un dialogue avec une véritable dynamique sociale », souligne l'expert. La réussite de cette option dépend également de « l'émergence d'une économie hors hydrocarbures ». Pour l'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj-Nacer, « le dialogue entre des acteurs non identifiés est carrément impossible, notamment dans un climat d'enfermement ». Il dira que l'émergence d'un débat sérieux est « nécessaire » et évitera à l'Algérie d'« aller vers une autre forme de débat qui est la violence ».