Belkacem Hadjadj consacre sa filmographie à la création et surtout à la qualité. Son dernier film « Fadhma N'soumer » a été projeté dernièrement en avant- première à Alger. Le réalisateur du film « El Manara » démontre une parfaite maîtrise du cinéma. Il y exprime son attachement. Votre dernier film est le premier du genre réalisé sur le parcours de la combattante Fadhma N'soumer... En effet, ce film est très important pour l'histoire de l'Algérie. Il n'y a pratiquement pas de films qui traitent le sujet de l'occupation française en Algérie, durant cette époque de l'histoire. J'ai voulu mettre en exergue cette période-là. Combien de temps vous a pris la réalisation de ce film ? C'est un travail de longue haleine. Nous avons travaillé d'arrache-pied, avec un rythme fatigable. Nous avons consacré une année et demie pour l'écriture du scénario sous l'œil vigilant des historiens. A ce sujet, justement, est-ce que vous avez eu des difficultés pour l'écriture du scenario ? Il est extrêmement difficile de traiter de façon fictionnelle des sujets historiques. Par contre, il est plus facile de les traiter en documentaire. Dans ce film on parle du parcours de « Fadhma N'soumer » mais en visionnant le film on remarque le passage fréquent du personnage de Cherif Boubaghla, pourriez vous nous éclairer sur ce choix ? Le personnage de Boubaghla est cinématographique. Il bouge, frappe, gueule. Il dégage de l'action, du mouvement avec une forte présence car il était en permanente confrontation avec l'armée française. Il nous fait voyager à travers l'image et le paysage. Contrairement au rôle attribué à Fadhma qui est plongée dans la méditation, le spirituel. Selon les écrits historiques, Fadhma N'soumer a participé à la bataille de Sebaou. Cependant, elle n'a jamais pris les armes. C'est à partir de la légende qu'on a fabriqué ce personnage de femme, sans tomber dans le ridicule et le faux. On a donc essayé de relier l'autorité spirituelle de Fadhma à l'engagement dévoué de Cherif Boubaghla. L'Algérie dispose de comédiennes de qualité. Pourquoi avoir choisi une actrice franco-libanaise pour réaliser ce film ? Nous avons fait six mois de casting, trois mois en Algérie, puis des passages au Maroc, en Tunisie et en France. Je dois admettre qu'il était difficile de trouver le personnage à partir de l'idée que je me suis faite. Notre choix a été porté sur Laëticia Eïdo, qui m'a littéralement épaté. L'oralité occupe une place importante dans votre film ? Je voulais absolument que ce film soit traversé par le flux oratoire. Le colonisateur a occupé tout les fronts sauf le verbe qui ne sera jamais réprimé. Le cinéma contribue-t-il au bonheur ? Pour moi, le cinéma est un apprentissage de la démocratie idéale. On apprend à écouter les autres, tout en prêtant attention à son propre personnage. Si on fait cavalier seul, on détruit l'harmonie et le message que l'on veut véhiculer.