Le philosophe missionnaire, tout acquis au sionisme et aux intérêts de l'Etat confessionnel hébreu, et la fanfaronnade de Nicolas Sarkozy et de David Cameron, paradant le 19 mars 2013 à Tripoli et Benghazi, ont contribué au cataclysme libyen qui ne laisse plus personne indifférent. Dans le faux paradis promis par les experts de chaos, vantant du haut de la muraille surplombant la mythique place verte, le nouveau destin de la Libye « unie et libre », l'empire maffieux des milices régnant en maître absolu et de la nébuleuse islamiste, blacklistée comme c'est désormais le cas d'Ansar Al-Chariaâ ou exerçant un contrôle total sur les institutions de transition remodelées au gré de leurs intérêts politiques, impose le désordre intégral libyen qui constitue, à ne point douter, un facteur de déstabilisation régional. Outre la faiblesse criante du Conseil national général, voué aux gémonies, et la valse des gouvernements se relayant à Tripoli, le spectre de l'insécurité permanente agite l'Occident préoccupé par la sanctuarisation de la nébuleuse al-Qaïda, fortement implantée dans les bastions connus de Benghazi et de Derna rêvant d'un « émirat islamique » et étendant son influence dans le sud de la déshérence. Il y a, aussi, dans la logique pionnière de l'Algérie, les 40 millions d'armes en circulation (6 armes par habitant) qui peuplent l'arsenal à ciel ouvert et le risque de connexion avec les autres filières régionales comme les Shebabs somaliens ou son alter ego nigérian Boko Haram suscitant la mobilisation générale de Paris. A la fin du sommet africain, tenu samedi dernier, le président François Hollande a reconnu que les armes qui déstabilisent l'Afrique et alimentent les groupes terroristes proviennent de la Libye. Que faire ? Après l'offensive de l'ancien général Khalifa Haftar contre le fief d'Ansar Chariaâ et des groupes islamistes à Benghazi et l'attaque du parlement, le gouvernement en place envisage la « mise en congé » du CGN jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement, dans un délai de trois mois, pour tenter de desserrer l'étau et maintenir une vie institutionnelle précaire. Elle a été rejetée par le Parti pour la justice et la construction (PJC) des Frères musulmans dont l'influence est de plus en plus grandissante au côté de son allié plus radical, le bloc Wafa. Mais, la bataille de Benghazi est sérieusement lancée pour l'éradication du terrorisme. L'option est brandie par le leader de l'« Armée nationale libyenne » (ANL) de Haftar levant l'étendard de la lutte contre le terrorisme et ralliée par une unité d'élite de l'armée régulière de la base aérienne de Tobrouk et de la puissante tribu d'Al-Baraassa, présentée, par le colonel Wanis Boukhamada, comme étant au premier rang de la lutte contre les radicaux de Benghazi où des combats ont opposé ses forces spéciales aux groupes islamistes. A El Adjdabia et El Beïda, d'autres troupes dépendant de l'armée ont également rejoint l'ANL de Haftar. L'union sacrée se consolide pour poursuivre l'opération « Dignité » rebaptisée « Liberté » pour déloger le groupe Ansar Al-Chariaâ qui se prépare à une « confrontation désormais inévitable ». A la faveur du consensus international, l'option de Haftar signe-t-elle l'arrêt de mort du terrorisme en Libye ?