Fort de ses « succès » militaires, notamment à Benghazi, le général dissident, Khalifa Haftar, a déclaré, mardi dernier, dans une interview au journal saoudien Al-Charq Al-Awsat, que l'opération militaire baptisée « Dignité libyenne » dont il est à la tête, vise à « purifier la Libye des extrémistes et des Frères musulmans » en révélant que sa prochaine étape sera Tripoli. Pour le général, l'arrestation d'une quarantaine d'hommes armés issus de différentes nationalités (afghane, pakistanaise, hongroise et même italienne) « prouve que ces groupes sont liés à des réseaux terroristes internationaux ». « Ces groupes constituent un danger pour la Libye, mais aussi pour ses voisins », assure-t-il, promettant de nettoyer le pays de ces « obscurantistes » et « takfiristes ». Ne comptant pas s'arrêter là, l'ex-commandant des forces terrestres de l'armée libyenne menace de présenter les hauts responsables du Congrès général national (CGN, Parlement), du gouvernement et de la confrérie des Frères musulmans en justice pour « crimes commis contre le peuple libyen durant la période de leur règne » mettant en avant le large soutien au sein de l'armée qui a pris de l'envergure depuis le ralliement de l'état-major de la Défense aérienne et de plusieurs unités armées du ministère de l'Intérieur. Se disant conscient des enjeux internationaux de son entreprise, le général sollicite « la compréhension » de la communauté internationale. Soupçonné de soutiens régionaux et internationaux, il nie en bloc toute aide étrangère, et tout contact avec Washington. Position confirmée par la porte-parole du département d'Etat américain Jennifer Psaki : « Nous n'avons pas eu de contact récemment avec lui. Nous n'approuvons, ni ne soutenons les actions conduites sur le terrain », a-t-elle indiqué, tout en refusant de dire si son offensive était considérée comme un coup d'Etat aux yeux de Washington qui a renforcé son dispositif militaire en Sicile (Italie) pour être prêt à faire évacuer éventuellement le personnel de son ambassade à Tripoli. A Tripoli, on tente de sauver les meubles avant qu'il ne soit trop tard. L'élection d'un nouveau Parlement, qui doit remplacer le CGN, été fixée au 25 juin par la commission électorale. Le gouvernement de transition avait proposé la veille, une mise en congé du parlement pour éviter que le pays sombre dans la guerre. Comme « riposte », les députés ont reporté un vote de confiance au gouvernement présenté par le Premier ministre Ahmed Miitig. En attendant, la violence continue. Hier, le convoi du contre-amiral Hassan Abou Chnak, le chef d'état-major de la marine, a été attaqué à Tripoli par des hommes armés à bord d'un véhicule. Ce dernier a été « légèrement blessé à la tête », selon son porte-parole le colonel Ayoub Kassem.