L'élection du Parlement européen, la 8e depuis 1979, provoquera-t-elle un tremblement de terre ? Deux craintes pèsent sur le scrutin dominé par des enjeux nationaux et l'« euroscepticisme » : l'abstention qui pourrait frôler, selon les instituts de sondage, les 60% et le score des partis xénophobes et des eurosceptiques qui ne cessent de progresser. Moins de la moitié de la population juge l'appartenance à l'UE comme une « bonne chose ». 380 millions d'Européens se sont rendus aux urnes, dans 22 Etats de l'Union, pour élire, dans un contexte de quasi « guerre froide », suite à la crise ukrainienne, les 751 députés dont 95 allemands et 74 français, qui siègeront à Bruxelles et à Strasbourg au Parlement européen pendant les cinq années à venir. En Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, à Malte, en République tchèque, en Lettonie et en Slovaquie, le vote a déjà eu. De ce scrutin, découlera la désignation du futur président de la Commission européenne. Selon certaines estimations, le Parti populaire européen (PPE) obtiendrait 217 sièges, contre 201 élus pour les socialistes et les démocrates. Quant aux Verts, leur nombre baissera de 57 à 44 eurodéputés. En France, les socialistes devraient terminer selon un sondage réalisé pour Le Monde, à la troisième place derrière le Front national et l'UMP ! Le réveil n'a pas sonné uniquement pour le parti de Marine Le Pen. Selon certaines analystes, les partis extrémistes pourraient envoyer au moins une centaine de députés à Bruxelles. Une première pour cette instance européenne qui reste encore dominée par les sociaux-démocrates. Pas assez pour bloquer la construction européenne, mais suffisamment pour donner de la voix et bousculer les partis traditionnels. Lors de la campagne électorale, l'idée d'un salaire minimum a été évoquée. Si les partis de gauche y sont favorables, ceux du centre et de l'extrême-droite y sont contre. Le PPE n'est pas contre le principe. Mais il refuse un salaire unique. Au Parlement, quatre sujets qui fâchent pourraient surgir dès les premières sessions. Le premier : Tafta, le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Toutes les formations demandent de meilleures barrières douanières européennes. Le deuxième : l'immigration. L'extrême-droite a fait campagne sur ce thème et celui des frontières de l'Europe. Le troisième : la sortie de l'UE. Dans certains pays, comme au Royaume-Uni, les sondages donnent favori le Parti pour l'indépendance, qui prône une sortie de l'UE. Le quatrième : l'entrée de partis anti-euro au Parlement.