Le marathon des élections européennes prend fin, aujourd'hui, alors qu'est enregistrée une montée en puissance des partis extrémistes. La montée en puissance des partis extrémistes anti-européens, en plus d'une abstention record, pourrait être l'un des faits marquants des élections au Parlement de Strasbourg, qui s'achèvent aujourd'hui dans un contexte de crise économique aiguë. Hier, le marathon du scrutin étalé sur quatre jours s'est poursuivi. Après la Grande-Bretagne et les Pays-Bas qui avaient ouvert le bal jeudi, puis les Irlandais et les Tchèques qui ont suivi vendredi, ce sont les Slovaques, Lettons, Maltais et Chypriotes qui ont commencé à se rendre aux urnes. Dans tous les autres pays, les élections européennes se tiendront aujourd'hui, les premiers résultats globaux, permettant de donner la couleur politique du futur Parlement, devant être publiés à partir de 20h00 GMT ce soir. Mais déjà ceux communiqués dès vendredi aux Pays-Bas ont planté le décor de ce scrutin où quelque 388 millions de citoyens sont appelés à élire 736 eurodéputés. Le parti d'extrême droite (PVV) du député Geert Wilders a obtenu 17% des voix, devenant la deuxième formation politique du pays. «Cela confirme les craintes» d'une montée des extrêmes, a estimé Antonio Missiroli, analyste au «European Policy Centre» de Bruxelles. Certes, cette percée ne se reproduira pas dans tous les pays de l'UE mais, de l'avis de nombreux analystes, elle préfigure de bons scores des partis protestataires, populistes et anti-européens, en Autriche, Grande-Bretagne, Bulgarie, Slovaquie et ailleurs. Ces mouvements capitalisent sur les difficultés des gouvernements face à la crise et sur la peur de l'immigration et profitent du désamour de nombre d'électeurs vis-à-vis de l'Europe. En Grande-Bretagne, où le Premier ministre travailliste Gordon Brown, en pleine tourmente, a déjà reconnu la déroute de son parti tant aux élections locales qu'européennes, sans attendre les résultats officiels de ces dernières qui seront annoncés ce soir, les anti-Européens se frottent déjà les mains. Le parti d'extrême droite BNP rêve d'un premier député à Strasbourg. Et le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip), qui fait campagne pour un retrait de l'Union européenne, pourrait devancer le Labour à près de 20% selon un récent sondage. Ces mouvements bénéficient aussi de la forte abstention annoncée. Aux Pays-Bas, la participation n'a été que de 36,5% contre 39,2% en 2004, selon les données provisoires. En Slovaquie, les derniers sondages tablent sur une participation de 14% seulement. Et à l'échelle de l'UE, elle pourrait être encore inférieure au record à la baisse de 2004 (45,4%). Dans ce contexte de désintérêt, ce sont les partis conservateurs modérés qui sont donnés favoris pour rester la principale force du Parlement européen à l'issue du scrutin ce soir, consolidant la suprématie de la droite en Europe, où elle dirige déjà la grande majorité des gouvernements. «Le centre-gauche va échouer à tirer avantage de la crise actuelle du capitalisme. Dans les pays les plus importants, il est soit au pouvoir et très impopulaire (Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne) soit dans l'opposition et en pleine crise (France, Italie, Pologne)», résume Hugo Brady, chercheur au «Centre for European Reform» de Londres. Au Parlement européen, le centre-droit réuni au sein du groupe PPE (Parti populaire européen), appelé à rester la première force, devra toutefois compter avec la scission annoncée des conservateurs britanniques et tchèques, qui entendent adopter un profil plus eurosceptique. Et peut-être aussi avec la poussée des souverainistes et anti-européens radicaux, qui en fragmentant un peu plus l'hémicycle, pourrait compliquer le jeu politique.