Adossé au choix massif (96,6%, soit 23.780.104 des suffrages) des électeurs présents en force (47,45% de taux de participation), le mandat incontestable de Abdelfattah Sissi a définitivement soldé l'ère contestée des Frères musulmans écartés de la scène politique et submergés par le verdict des urnes à double impact : proche du seuil des 22 millions de signataires exigeant, en juin 2013, le départ de Morsi et dépassant de 10 millions de voix les résultats électoraux du président islamiste déchu. La nouvelle Egypte de Sissi, confrontée aux défis de la stabilité et de la relance économique anéantie par « des années d'agitation », se revendique des idéaux de la révolution du 25 janvier inscrits dans la quête légitime du « pain, liberté, dignité humaine, justice sociale ». Dans son allocution télévisée, le nouveau président a relevé que « l'avenir est une page blanche, et c'est à nous d'y inscrire ce que nous voulons ». Une nouvelle page s'ouvre donc pour l'Egypte rythmée par la question sécuritaire prédominante et une crise économique marquée par le désinvestissement (de 12 milliards de dollars/an à 2 MDS/an), la baisse de moitié des réserves de change et des revenus touristiques (de 12,5 MDS à 5,8 MDS) et une bourse à son plus bas niveau. Tout commence pour l'Egypte de Sissi favorisé par la légitimité démocratique acquise et le soutien de la communauté internationale. Washington qui a gelé en octobre son aide financière de 1,5 milliard de dollars s'est déclaré « prêt à travailler » avec Sissi pour « faire avancer notre partenariat stratégique et les nombreux intérêts communs », tout en appelant, dans un communiqué, aux nécessaires réformes en matière des droits de l'homme. Obama, qui se prépare à s'entretenir avec le président égyptien dans les prochains jours, a émis des « réserves » sur ce que la Maison Blanche qualifie d'« environnement politique » en relation avec « la liberté de manifester, d'association et d'expression ». L'épreuve des législatives prévues l'année prochaine est attendue pour évaluer les avancées d'une « vraie démocratie...fondée sur l'Etat de droit, les libertés civiques et un débat politique ouvert ». La démarche est également soutenue par l'allié saoudien tournant le dos au régime de Morsi et finançant massivement, au même titre que les Emirats arabes unis et le Koweït, son successeur. Dès l'officialisation de la victoire de Sissi, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a appelé à une conférence des donateurs. Fort de l'onction populaire et de la caution internationale, le nouveau président prêtera serment, ce dimanche, en présence des chefs d'Etat et de souverains et, lors d'une seconde réception, de milliers d'invités issus de « différents partis politiques ».