La presse algérienne est en passe de structurer ses leviers d'autocontrôle. La loi organique sur l'information de 2012 prévoit de doter la corporation de mécanismes de régulation. Le conseil d'éthique et de déontologie, l'autorité de régulation de la presse écrite et de l'audiovisuel en font partie. Le ministère de la Communication semble s'affairer à préparer le terrain à leur mise en place qui passe préalablement par la délivrance de la carte professionnelle. Une commission ès qualité composée de 14 membres a été installée. La carte professionnelle permettra d'identifier l'effectif de la corporation. Un recensement qui n'a pas été fait jusque-là alors que le nombre de journalistes croît proportionnellement à la création de nouvelles publications. La formalité est d'autant importante qu'elle servira à cerner le corps électoral qui aura à élire les instances de régulation sus-citées. Une action de sensibilisation sur l'importance du rôle de ces entités accompagne ce processus. La conférence d'aujourd'hui sur l'éthique et la déontologie, qui sera animée par le journaliste français d'origine algérienne, ancien membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel français, Rachid Arhab, est un prélude à une série d'autres rencontres similaires sur le métier de journaliste. A cette occasion, l'APS a publié une série d'articles qui rappellent ce que recouvre la notion de déontologie, l'expérience algérienne en l'espèce et celle d'autres pays. Dans un « Précis » publié en 2002, l'Unesco la définit comme étant un moyen que se choisit volontairement le journaliste pour s'autocontrôler, se défendre et préserver la mission qu'il s'attribue dans la société, de tout détournement, confiscation ou dévoiement. « Il s'agit d'un code moral que, généralement, les médias et journalistes se définissent et déclarent s'y référer pour définir leurs pratiques, les réguler et, au besoin, les défendre contre quiconque aurait l'intention d'attaquer l'exercice de l'expression auquel médias et journalistes tiennent si fort comme exercice libre et protégé ». Et de préciser que la déontologie doit être le fait des gens des médias, ne doit être invoquée, interprétée et surveillée que par eux-mêmes. Un tel code est intransigeant en matière de crédibilité de l'information qui doit être le résultat d'une vérification, d'atteinte à l'honneur des personnes et à leur vie privée et prévient contres les manquements au respect de la présomption d'innocence. Faute de quoi, des situations conflictuelles altéreront le produit journalistique. Cela suppose que les professionnels des médias doivent s'imprégner du sens des responsabilités. Des plaintes déposées contre des publications, obsédées par la quête de l'audience, on en entend parler un peu partout dans le monde. Généralement pour atteinte à la vie privée de personnalités de premier plan. Ou pour des informations présumées diffamatoires. La première charte de l'éthique et de la déontologie des journalistes algériens a paru le 13 avril 2000. Prévue par le code de l'information de 1990, elle a fixé les devoirs et les droits de la corporation qu'un un conseil supérieur, composé de professionnels du secteur élus par leurs pairs, était en charge de contrôler. Ce texte énonce qu'il relève du devoir du journaliste de respecter la vérité quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui-même et ce en raison du droit que le public a de la connaître et défendre la liberté d'information, d'opinion, de commentaire et de critique. Le journaliste se doit également séparer l'information du commentaire, respecter la vie privée des personnes et leur droit à l'image. La charte indique également que le journaliste doit s'efforcer de relater les faits en les situant dans leur contexte, s'interdire d'altérer l'information ou de diffuser des rumeurs. Et rectifier toute information diffusée qui se révèle inexacte. Une expérience qui a, cependant, tourné court, aux yeux de celui qui fut le président de ce conseil, Zoubir Souissi. Son témoignage, rapporté par l'APS, fait état de l'impréparation de la corporation, d'où le caractère « prématuré » de sa création. « Un échec cuisant », a-t-il dit, qui sanctionne à la fois « un manque de volonté politique » et une absence criante de prérogatives. C'est pour éviter un tel sort que des précautions en matière de sensibilisation et d'information sont présentement prises.