Après un travail d'intelligence rondement mené au plus haut niveau des deux partis en guerre, les prises de contacts ont abouti au niveau semi officiel. Le président Ahmed Karzai vient de mettre sur pied un conseil de paix formé de 68 membres dont la présidence revient à l'ancien président Burhadine Rabbani, dans l'agenda des pourparlers figurent déjà les propositions gouvernementales pour l'intégration des dirigeants dans un gouvernement d'union nationale, ainsi qu'un échéancier de retrait des forces américaines et des autres pays de l'Otan du territoire afghan. Selon les indiscrétions gouvernementales, on avance le nom du commandant suprême le mollah Omar Mohamed pour conduire la délégation des insurgés. Cette plausible percée dans la recherche d'un compromis de paix entre les parties gouvernementales et les talibans fait renaître un optimisme sur l'invitation de paix lancée par Hamid Karzai à travers un plan de réconciliation et d'intégration des taliban. Le mollah Omar et d'autres dirigeants taliban des deux côtés de la frontière pakistano-afghane répètent depuis des années que des négociations de paix ne sont pas possibles avant le retrait des forces étrangères. Cette surprenante volte-face donne lecture à une précipitation des évènements sur le choix des dirigeants taliban amenés à prendre la direction des insurgés dans le futur compromis avec le gouvernement afghan. Aujourd'hui, avec la main tendue de Kaboul appuyé par l'Administration américaine, les plus radicaux des taliban sont en train d'être promus au sein du mouvement». Parmi les sujets abordés lors des pourparlers, figurent l'octroi des postes au gouvernement pour les dirigeants talibans et le retrait des forces américaines et des autres pays de l'Otan. Mais les représentants du réseau radical Haqqani, qui ont été visés récemment par les raids de drones américains, n'ont pas participé aux pourparlers. Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs a refusé de se prononcer directement mais il a indiqué que les Etats-Unis soutenaient la perspective d'un dialogue entre les taliban et le gouvernement Karzaï. L'Administration américaine "soutient depuis longtemps (...) un effort de réconciliation mené par les Afghans", a déclaré M. Gibbs, tout en soulignant que les Etats-Unis n'entendaient pas participer à un tel dialogue. Ces discussions "ne sont pas quelque chose que nous faisons avec les talibans. C'est quelque chose que le gouvernement afghan doit faire avec le peuple d'Afghanistan", a insisté M. Gibbs. Il a souligné que des discussions avec les taliban supposaient que les rebelles islamistes abandonnent leur soutien à Al-Qaïda, respectent la loi afghane et renoncent à la violence.