Les chances d'un dialogue inclusif pour « refonder le tissu d'un Mali déchiré et lardé », pour reprendre la formule adéquate du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, reprennent tout leur sens dans la quête d'un dénouement pacifique et durable de la crise malienne. C'est donc à l'appel du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, en visite en janvier à Alger, que le président Abdelaziz Bouteflika, pleinement convaincu de la pertinence et des bienfaits de la réconciliation, s'est pleinement engagé à créer les « meilleures conditions » pour garantir avec le succès que l'on sait le retour des protagonistes à la table des négociations. Cette main tendue de l'Algérie n'est assurément pas affaire de conjoncture. Elle participe à la communauté de destin et aux liens irréfragables « tellement profonds qu'aucune conjoncture ne pourrait les remettre en cause », dûment validé par le président IBK recevant, en mai dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères. Ce sont-là les fondamentaux de la politique étrangère de l'Algérie aux principes immuables prônant la non-intervention dans les affaires intérieures, quoiqu'en disent certains esprits chagrinés d'ici et d'ailleurs rêvant d'une entorse à la norme sacro-sainte, le respect de l'intégrité territoriale, le bon voisinage, le règlement pacifique des différents... Le devoir de solidarité et de fraternité commande l'attachement indéfectible aux vertus du dialogue et de la négociation consacrés par les traditions algériennes mondialement consacrées à l'épreuve des grandes crises mondiales (affaire des otages américains en 1980) et/ou régionales (Iran, Irak, Ethiopie, Erythrée...). L'Algérie a « toujours répondu favorablement » à l'appel du Mali, en temps de crise, a reconnu le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, au terme de la tenue de la 2e session du comité bilatéral stratégique algéro-malien en avril dernier à Alger. Tout naturellement, le rôle « productif, constructif et incontournable » se légitime autant par la longue expérience pour la promotion de la paix dans le monde que dans son statut de pays « exportateur de stabilité » dans la région qu'elle doit à son combat pionnier contre le terrorisme et aux réformes démocratiques entreprises, il y a 26 ans, dans un océan d'immobilisme.Le message lancé par le chef de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali), Albert Gerard Koenders, véhicule des vérités historiques qui trouvent leur expression dans le lancement du processus de paix et de réconciliation au Mali. Présent, hier, à Alger, où il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le responsable de la Minusma et représentant spécial du secrétaire général des Nations unies a estimé que tout le Sahel reste « en danger » en l'absence d'une paix malienne. Le déplacement à Alger traduit « l'extrême importance » accordée aux pourparlers inclusifs effectués « dans les meilleurs délais ». Depuis la reprise des consultations exploratoires, lancées en janvier 2014, des avancées ont jalonné le processus de dialogue intermalien enrichi par la « déclaration d'Alger », signée le 9 juin dernier par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut-Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) qui se sont engagés à œuvrer en faveur de la « consolidation de la dynamique d'apaisement en cours et de s'engager dans le dialogue intermalien inclusif ». Cette œuvre de rapprochement « menée à son terme », selon Lamamra, consolide le consensus malien qui se renforce par la plateforme signée, hier à Alger, par le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), la Coalition pour le peuple de l'Azawad (CPA) et la Coordination des mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR). Lors de la cérémonie de la signature, Ramtane Lamamra estime que cette action « délimite fondamentalement les contours de ce dialogue intermalien qui doit être inclusif ». Tout en annonçant l'arrivée de trois membres du gouvernement malien pour hier, il a aussi révélé qu'une réunion des ministres des pays du Sahel qui « soutiennent le dialogue intermalien » se tiendra aujourd'hui dans la capitale algérienne mobilisée pour réussir la dynamique de paix régionale. Une certitude défendue par Lamamra. « Nous avons la conviction qu'il y a une soif de la paix qui sera assouvie avec beaucoup de bonne volonté de la part de toutes les personnalités engagées dans ce processus », a-t-il martelé.