«Le président Hosni Moubarak, j'en suis convaincu, sera candidat à l'élection présidentielle de 2011». C'est Ahmed Aboul Gheit, son ministre des Affaires étrangères qui a donné le point de départ à une campagne électorale inattendue en donnant ce «scoop» à Al-Hayat, le quotidien arabe londonien, le 30 septembre dernier. Les «sources généralement bien informées» qui ont avancé tant en Egypte qu'ailleurs que le Rais songe à se retirer de la politique après avoir tracé une voie royale à son fils cadet, pour mener sa campagne présidentielle, sous le thème «Gamal, le rêve des pauvres», doivent revoir leur copie. Cette information est corroborée depuis par Safouat al-Chérif, le secrétaire général du Parti national démocrate, et plusieurs de ses collègues. «Hosni Moubarak sera le candidat du parti à l'élection présidentielle de 2011», disent-ils. Certains veulent organiser demain, à l'occasion de l'arrivée au pouvoir de Moubarak, une marche devant le palais présidentiel d'Abdine, ancienne résidence royale, pour lui demander d'annoncer sa candidature. Face ce sixième mandat qui se précise, les Frères musulmans, le principal mouvement d'opposition, se positionnent pour les législatives, dont le premier tour est prévu le 29 novembre prochain et le second tour en décembre. «La règle chez les Frères musulmans c'est la participation aux élections et à toute élection», explique Hamdi Hassan, le porte-parole de leur bloc parlementaire. Selon Mohamed Badie, leur chef, ils présenteront des candidats sous l'étiquette d'indépendants pour contourner l'interdiction faite aux organisations religieuses de prendre part à un scrutin, pour 169 des 508 sièges en jeu, soit 30% des députés. Cette décision des islamistes de présenter autant de candidats qu'en 2005, est, selon les analystes, un acte de défi. Moubarak, rappellent-ils, a pris l'engagement de ne pas les laisser gagner 88 sièges, soit un cinquième du Parlement. Comme à l'accoutumée, les «fréros» crient à la «hogra». Ils accusent les autorités de lancer une campagne d'arrestations. Selon leur chef, près d'une centaine des membres de la confrérie ont été interpelés cette semaine et ce «faux pas» des autorités pourrait être nuisible pour la présidentielle de 2011, surtout si les appels au boycott et aux réformes politiques lancés par Ayman Nour, le fondateur d'Al-Ghad, et Mohamed El Baradei, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et l'actuel défenseur de la démocratie en Égypte entendu. «Un désaveu public serait une négation de la légitimité gouvernementale», dit-il. «Les législatives seront chaudes», prévient le ministre égyptien de l'Intérieur Habib al-Adli. Selon l'agence officielle Mena, les services de sécurité se préparent déjà à mettre hors état de nuire «quiconque essaiera de provoquer des troubles et des brutalités» pendant ces élections qui constitueront un tour de chauffe pour 2011.