L'Algérie compte 180 262 personnes non-voyantes. Pour éviter que ce nombre augmente, le ministre de la Santé a annoncé qu'un comité national chargé de planifier et d'évaluer les cas de cécités évitables en Algérie sera installé au mois de novembre. Il était temps, car le ministère de la Solidarité prévoit un risque d'augmentation du nombre de non-voyants avoisinant les 199 486 handicaps visuels à l'horizon 2020. Intervenant à l'occasion de la Journée mondiale de la vue, célébrée jeudi à l'Institut national de la santé publique Malika Gayed (INSP), le ministre a souligné qu'il est impératif que les spécialistes de la santé évaluent les actions menées sur le terrain pour se lancer efficacement dans la lutte contre la cécité évitable dans le cadre de la politique de la santé oculaire. A cet effet, il a rappelé que 3 milliards de dinars ont été débloqués en 2007 pour le renforcement des ressources humaines en faveur de 1000 spécialistes exerçant dans le secteur public et privé. Ce qui a induit, d'ailleurs, à l'affectation de 35 nouveaux spécialistes vers le Sud du pays et les Hauts plateaux pour la prise en charge du trachome en 2010. Evoquant les efforts consentis par les autorités en matière de prise en charge des personnes non- voyantes, M. Ould Abbès a rappelé que l'Algérie compte 21 écoles de jeunes aveugles qui accueillent en moyenne 2500 enfants par an. LA CATARACTE, PREMIÈRE CAUSE DE CÉCITÉ Ayant pour but de sensibiliser l'ensemble de la population aux problèmes de la cécité et particulièrement sur la prévention et le dépistage précoce, la Journée mondiale de la vue a été inscrite sous le thème «compte à rebours jusqu'à 2020». Son objectif est de renforcer la prévention et la prise en charge des pathologies oculaires. Dans ce contexte, Mme Hartani, présidente du Comité national de l'ophtalmologie et professeur en ophtalmologie au CHU Mustapha-Pacha, a présenté les résultats de la première enquête nationale sur les pathologies oculaires réalisée par le ministère de la Santé en mars 2008 et publiée en février 2009. L'étude a été réalisée sur un échantillon représentatif de 22 181 personnes adultes âgées de 40 ans tirées au sort par l'ONS au niveau de 48 wilayas du pays. Ces dernières ont bénéficié d'un examen ophtalmologique complet et gratuit. Selon le professeur Hartani, l'enquête a fait ressortir un taux de prévalence de 13,8% de personnes atteintes de cataracte, 4,6% de glaucome, 2,4% souffrent d'une rétinopathie diabétique, 2,1% de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) et 1,7% des cas de troubles de la cornée. Ainsi, la cataracte constitue la première cause de cécité en Algérie. Elle se manifeste chez les sujets de plus de 50 ans mais elle est curable. «Actuellement, c'est une des plus grandes réussites de la chirurgie oculaire qui restitue une fonction visuelle quasi normale», a-t-elle rassuré. Quant au glaucome, la spécialiste a averti que les sujets âgés de 40 ans doivent faire un dépistage précoce. S'agissant du trachome, elle a indiqué que ce sont les wilayas du Sud qui en sont le plus touchées. Mamadou M'Bay, coordinateur de l'OMS en Algérie, a signalé qu'il existe 45 millions d'aveugles dans le monde alors que 80% des cas de cécité sont évitables. En outre, 135 millions de personnes sont atteintes d'une déficience visuelle grave. «Si des mesures ne sont pas prises d'urgence, le chiffre va doubler au cours des 20 prochaines années», a-t-il prévenu. Et d'ajouter : «L'initiative mondiale Vision 2020 tend à mobiliser des ressources et à mettre au point des programmes nationaux de prévention de la cécité pour éviter 100 millions d'aveugles supplémentaire d'ici 2020».