7h 30. Une longue file d'attente se forme devant le point de vente du groupe Eriad Alger, à Belouizdad. Des hommes, des femmes, munis de couffins, attendaient l'ouverture du local vers 9h. Une ménagère venue de Kouba dira que les prix de la semoule et de la farine sont raisonnables et à la portée des petites bourses. « Le sac de semoule de 10 kg est à 400 DA. Chez les détaillants, le kilogramme est cédé à 70 DA. Je prends deux sacs pour le mois de Ramadhan », dit-elle. Une mère de famille a acheté plus de 20 kg de farine. « Je suis venue d'El Madania car les prix sont à ma portée. Le kilogramme coûte 25 DA, alors que chez les commerçants, il fait entre 60 et 70 DA, selon la marque », fait-elle savoir, justifiant l'achat d'une telle quantité par la préparation de plats durant le mois de Ramadhan, mais aussi de gâteaux à l'occasion de la réussite de ses enfants aux examens de fin d'année. « Lifting » dans les marchés Au marché Ali-Mellah (Bazar) du 1er-Mai, règne une ambiance spéciale : les étals ont été exceptionnellement bien garnis pour accueillir les clients venus s'approvisionner en produits de large consommation, comme la pomme de terre, les carottes, la courgette, les olives et les fromages. Le frik (blé concassé) est proposé à 400 DA le kilogramme, le raisin sec entre 600 et 900 DA, les pruneaux locaux entre 600 et 700 DA, alors que ceux d'importation sont cédés à 900 DA. « Les prix des fruits secs n'ont pas augmenté, cette année. Personnellement, je vends le stock, mais une augmentation n'est pas à écarter les prochains jours, à cause de la forte demande », avertit le vendeur. Un père de famille a fait le même constat : « On a remarqué que les prix sont restés pour le moment stables. » « Sincèrement, je m'attendais à une inflation, comme à chaque Ramadhan, surtout avec la fièvre du Mondial, mais Hamdoulilah (Dieu merci), la tomate est proposée ente 60 et 70 DA, la pomme de terre à 60 DA, le poivron à 120 DA, l'oignon à 45 DA. Il faut dire que notre porte-monnaie est mis à rude épreuve pendant le Ramadhan », témoigne un père de famille rencontré au marché Ferhat-Boussaâd. Même ambiance au marché Réda-Houhou, à Alger-Centre qui grouillait de monde en cette matinée de samedi. Les mères de famille sont, en majorité, accompagnées de leurs enfants et maris pour porter le couffin. « Je suis venue acheter les légumes seulement, parce qu'on ramène aujourd'hui des produits frais », a assuré une ménagère. Les prix ici sont raisonnables, selon certains consommateurs. La carotte est proposée entre 60 et 70 DA, selon la qualité, la courgette à 90 DA, le navet à 90 DA. « C'est le consommateur qui fait augmenter les prix. Regardez, ils achètent de grandes quantités, la demande va exploser. Passez demain et vous allez constater que le marché a été vidé. Nous serons obligés d'augmenter les prix, notamment durant cette période où les légumes ne sont pas assez disponibles », a déploré un vendeur. La viande brésilienne « boudée » Côté viandes, des consommateurs semblent préférer la fraîche. Les boucheries proposant la viande congelée ou importée sont « boudées » par les consommateurs malgré les prix accessibles. La viande bovine congelée est cédée à 740 DA le kilogramme. « Je n'achèterais jamais de la viande congelée surtout celle importée du Brésil. J'ai vu à la télévision que le bétail n'est pas égorgé conformément à notre religion », dira une femme âgée. Idem pour le poulet congelé, proposé à 250 kg le kilogramme. « Je préfère acheter du poulet frais. Il y a une petite différence de 20 DA seulement », ajoute-t-elle. Marchés informels, le retour Les marchés informels éradiqués sont de retour, à la grande satisfaction des ménagères. Celui de Belouizdad, communément appelé marché T'nach, est pris d'assaut par les acheteurs. « Les prix sont très raisonnables. Les marchés informels constituent le charme du Ramadhan », ose une dame en pleine négociation avec le vendeur de frik, proposé à 320 DA le kilogramme. « C'est du vrai. C'est du frik de Bordj Bou Arréridj », lui affirme le marchand. Des fruits secs, des olives, du beurre, du flan en poudre, des conserves étaient exposés sur des tables à l'air libre. Des conditions qui ne dérangent nullement ce père de famille. « J'ai acheté récemment des boîtes de flan dans une supérette située en plein centre d'Alger. C'est un produit importé de Tunisie, mais à ma grande surprise, il était périmé. De même pour le fromage et les produits laitiers. Ici, au marché informel, les vendeurs sont sincères, ils te disent que les prix sont bas parce que le produit sera périssable dans un mois », justifie-t-il. Boulangeries, le rush Hier, devant la boulangerie située à la rue Ahmed-Chaïb (ex rue Tanger), une file d'attente s'étendait le long du trottoir. Le boulanger a trouvé des difficultés à répondre à la forte demande en cette matinée. « Chacun demande 10 baguettes au minimum. Il y en a même qui ont pris 20 baguettes », relève-t-il. Même l'eau minérale et les boissons fruitées et gazeuses n'ont pas échappé à l'appétence des consommateurs. « Des consommateurs achètent des fardeaux, peut-être par peur d'une pénurie », estime le gérant d'une supérette, à la rue Abane-Ramdane.