L'étau semble progressivement se desserrer sur la filière liège, après les dernières mesures prises par le CPE pour sauvegarder ce qu'il en restait après des années de marasme et relancer un outil de production qui, tout en préservant des postes de travail, peut contribuer à créer de la valeur et diversifier l'offre dans ce segment du marché avec des produits de qualité. Ces mesures, qui sont l'octroi de crédits en fonds de roulement, l'assainissement des dettes et la modernisation des installations, commencent à donner des résultats tangibles comme l'atteste Mohamed Himrane, PDG de l'EPE-Liège Bejaïa, qui indique qu'entre 2012 et 2013, le déficit de l'entreprise a été réduit de quelque 28%, tandis que la production, durant cette même période, a été rehaussée de 32 millions de dinars à 38 millions. Mieux encore, l'EPE-Liège Bejaïa a commencé à placer ses produits à l'export, de sorte qu'en 2013, elle avait expédié une cargaison de 120 m3 et placé, pour les cinq premiers mois de l'année en cours, quelque 300 m3 de liège dans des pays comme l'Italie ou la France. D'autres commandes n'ont pu être satisfaites sur l'Allemagne, par exemple, en raison des spécificités exigées par le client auxquelles la technologie disponible au niveau de l'entreprise ne pouvait répondre. L'entreprise se modernise toutefois. Elle a ainsi récemment acquis une nouvelle chaudière, et une nouvelle installation de sciage pour améliorer la qualité du produit est en voie d'acquisition. Outre cette contrainte technologique, qui pourrait être dépassée avec l'exécution du programme de modernisation, d'autres commandes à l'export n'ont pu être réalisées pour une question de certification des produits. « Nous sommes actuellement à la recherche d'un organisme de certification pour ôter cette pierre d'achoppement à la commercialisation de nos produits sur le marché international », affirme Mohamed Himrane, qui exprime son optimisme en matière de commercialisation à l'international du liège algérien grâce à ses qualités intrinsèques. Le marché local, par contre, s'est éloigné de l'utilisation de ce produit naturel et noble pour utiliser, de manière abusive, les polystyrènes dans l'isolation phonique et thermique. Ces derniers, certes moins chers, sont également moins performants, moins durables, source de dépenses en devises car importés et, dans tous les cas, loin de soutenir la comparaison en matière d'avantages avec le liège. Mohamed Himrane, qui veut faire redécouvrir aux opérateurs économiques nationaux les qualités de ce produit biologique et écologique qu'est le liège, dont la durée de vie est illimitée et qui peut donc être réutilisé ad vitam aeternam, soutient que son entreprise pourrait disposer d'un plan de charge suffisant si, par exemple, il est utilisé dans la construction d'écoles primaires et d'hôpitaux. Les avantages seraient certains pour ces institutions, tant sur les plans médical qu'économique (impact positif sur la santé des patients et élèves, réduction des factures d'électricité...) et même politique, puisque l'Algérie pourrait se targuer de participer à l'effort international de préservation et d'amélioration de l'environnement. Le liège a aussi l'avantage d'être un produit local, qui peut être une source de devises pour le pays et un gisement d'emplois pour la main-d'œuvre dans les zones limitrophes des forêts de chêne-liège, si cette richesse est autant préservée de la destruction que renouvelée et étendue avec du reboisement. Le liège est certes promis à un bel avenir. Cependant, en raison des faibles quantités actuellement disponibles, il ne pourra concurrencer ou supplanter les produits polystyrènes. Tout au plus, pourra-t-il prétendre occuper, à terme, une niche du marché. Mais comme il n'y a pas de petits profits, pourquoi stupidement manquer cette opportunité ?