Ils annoncent l'établissement d'un « califat islamique » dans les régions s'étendant d'Alep (nord de la Syrie) à Diyala (est de l'Irak). Dans un enregistrement audio diffusé sur internet au premier jour de Ramadhan, le groupe djihadiste ultra-radical met fin à toute référence géographique. Désormais, il se fait appeler « Etat islamique » et Abou Bakr Al-Baghdadi son « calife ». Cette annonce, qualifiée par certains experts du « plus important développement dans le djihad international depuis le 11 septembre, a provoqué moult réactions. « Cela pourrait marquer la naissance d'une nouvelle ère de djihadisme transnational (...) et cela pose un véritable danger à al-Qaïda et à son leadership », estime Charles Lister, un chercheur associé à Brookings Doha. Et d'ajouter : « D'un point de vue géographique, l'Etat islamique est déjà parfaitement opérationnel en Irak et en Syrie. Il est en outre présent - mais caché - dans le sud de la Turquie, il semble avoir établi une présence au Liban, et a des partisans en Jordanie, à Ghaza, dans le Sinaï, en Indonésie, en Arabie saoudite, et ailleurs. » Selon lui, Al-Baghdadi pourrait ordonner des opérations au-delà des frontières syriennes et irakiennes. Barack Obama multiplie les réunions sur l'Irak, un pays où ses troupes étaient engagées de 2003 à 2011. Depuis cette annonce, le nombre de djihadistes combattant dans la région qui n'ont pas besoin d'un visa pour se rendre aux Etats-Unis, 2.000 selon certaines estimations, lui donne le tournis. « Le gouvernement américain frappera, si nécessaire, contre les organisations qui pourraient nous faire du mal », prévient-il. Risque d'une escalade de guerre régionale Faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite accusé d'avoir marginalisé les sunnites, accepte de se rallier à l'idée d'un gouvernement d'union nationale. Le Parlement doit se réunir aujourd'hui pour déclencher le processus. Les factions politiques chiites utiliseront probablement cette session pour réunir un autre gouvernement à dominante chiite, dirigé par al-Maliki ou par un autre. La plupart des politiciens sunnites n'y assisteront pas, et les représentants des partis nationalistes kurdes qui dirigent le nord de l'Irak comme région autonome ont déclaré qu'ils vont sans doute boycotter le Parlement. Certains observateurs se demandent, après ces réactions, si la concession d'al-Maliki n'est pas venue trop tard. « Il y a nettement plus de danger pour l'Irak maintenant qu'en 2006, 2007 », lors du conflit entre sunnites et chiites qui a fait des dizaines de milliers de morts, déclare Amer Khouzaï, un conseiller d'al-Maliki. « Maintenant la guerre est plus organisée et les capacités des insurgés plus importantes », dit-il, « oubliant » de préciser que nombre de soldats irakiens ont baissé les armes face à l'offensive du groupe djihadiste ultra-radical.